Les effectifs de 41 % des espèces d'oiseaux rencontrées dans les jardins en France métropolitaine ont diminué depuis dix ans. C'est le constat que dresse, ce mardi 24 janvier, l'Observatoire des oiseaux des jardins une décennie après sa création. Cet organisme, piloté par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et l'équipe Vigie-nature du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) et de l'Office français de la biodiversité (OFB), conduit deux campagnes annuelles de comptage national. Celles-ci invitent les citoyens français à recenser les oiseaux qu'ils observent pendant la période d'hivernage, en janvier, et pendant celle de reproduction, en mai. L'opération rassemble 24 000 bénévoles dans environ 100 000 jardins de l'Hexagone.
« Là où [les oiseaux] sont en nombre, c'est l'ensemble du cortège du vivant (reptiles, insectes, mammifères) qui s'épanouit, souligne le président de la LPO, Allain Bougrain-Dubourg, sur le site de Charlie Hebdo. Si au contraire [leur population] diminue, c'est la biodiversité qui s'efface. » La diminution, constatée surtout au printemps, serait le résultat d'une augmentation des températures, mais aussi de la disparition des proies, victimes d'insecticides et autres pesticides, et d'une réduction des nichoirs en raison de la multiplication des travaux de rénovation de bâtiments. Certaines espèces, sur la cinquantaine observée par les bénévoles, sont particulièrement touchées : le martinet noir (Apus apus), avec une baisse de 46 % d'individus recensés, l'hirondelle des fenêtres (Delichon urbicum), - 42 %, ou le verdier d'Europe (Chloris chloris), - 56 %.
S'agissant de l'augmentation de certaines populations, en particulier des oiseaux granivores, il s'agit, en réalité, d'un faux espoir. Pour le chardonneret élégant (Carduelis carduelis), le pinson des arbres (Fringilla coelebs) et près de la moitié des autres espèces, le nombre d'individus rencontrés dans les jardins en hiver augmente. Cependant, selon le président de la LPO, ce phénomène ne remet aucunement en cause le déclin constaté depuis dix ans. Il montre plutôt les conséquences d'une agriculture accaparant toujours plus d'espace : par manque de graines naturelles pour se nourrir autour des terres agricoles, les oiseaux se reportent dans les jardins. « C'est ainsi qu'une espèce comme le chardonneret élégant, dont les populations ont chuté de 36 % [au printemps], peut se trouver en augmentation lors du comptage hivernal dans les jardins. »
Félix Gouty, journaliste
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