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La Dépêche du Midi

Justice - Politique

Le cadavre avait été découvert près du lac de Rambouillet./ Photo Maxppp

Le cadavre avait été découvert près du lac de Rambouillet./ Photo Maxppp

 

A la fin de l'année 1979 éclate l'affaire Boulin alors que le régime giscardien est malmené par le RPR de Chirac qui veut reconquérir le pouvoir en 1981. 36 ans après, l'enquête est rouverte.

La nouvelle procédure judiciaire qui relance l'affaire Boulin permettra-t-elle, 36 ans après les faits, de connaître enfin la vérité ? Le ministre du Travail de Raymond Barre a-t-il été assassiné ou s'est-il suicidé ? Les deux thèses s'affrontent depuis des années sans que l'on puisse encore trancher malgré les nombreuses enquêtes journalistiques, documentaires ou films sur ce drame qui a éclaboussé la fin du giscardisme. Car pour connaître les ressorts plus ou moins cachés de cette affaire, il faut se remettre dans le contexte politique de l'époque.

Les coulisses du pouvoir

Automne 1979. Le gouvernement Barre est impopulaire, en butte à des difficultés économiques et sociales. Au sein de la majorité, le RPR dirigé par Jacques Chirac mène la bagarre contre Giscard et son Premier ministre.

En ligne de mire : la présidentielle de 1981 à laquelle Chirac, qui a fait de la mairie de Paris une rampe de lancement, sera candidat. Robert Boulin, ministre du Travail, «gaulliste historique» considère que Chirac n'est pas un authentique gaulliste, qu'il a réussi prendre le parti pour s'ouvrir les portes de l'Élysée. Pour le président du RPR, Boulin est un rallié à Giscard, et donc un adversaire. D'autant que le nom du ministre du Travail est souvent cité pour succéder à Raymond Barre au cas où le Président changerait de Premier ministre avant la présidentielle.

Dans les coulisses du pouvoir, Robert Boulin est donc devenu un personnage qui a pris de l'importance. Mais dans les coulisses du RPR, s'agite aussi une organisation à la réputation sulfureuse, le SAC (service d'action civique) que contrôlent un certain Charles Pasqua, alors conseiller de Chirac, et Jacques Foccart, le monsieur Françafrique des gaullistes. Dans cette organisation trouble se côtoient anciens gaullistes et truands montant des opérations de maintien de l'ordre et d'actions violentes contre les groupes gauchistes. Le SAC est-il «mouillé» dans la mort de Boulin ? Certains l'affirment au regard de menaces qu'avait reçu Boulin. Car avant d'avoir été ministre du Travail, celui-ci avait été secrétaire d'État au Budget dans les années 1960 avant d'occuper les fonctions de ministre délégué à l'Économie en 1977-1978. Des contrats passés dans le cadre de la Françafrique au financement du RPR, il détenait un certain nombre d'informations qui le rendaient encombrant pour la mouvance gaulliste à un an et demi de la présidentielle. La révélation de l'affaire dite de Ramatuelle accusant Boulin d'avoir acquis de manière illégale un terrain dans cette commune du Var, sur laquelle il aurait fait construire une résidence secondaire, aurait-elle été un piège dans lequel Boulin serait tombé et qui aurait rendu plausible son suicide ? Aujourd'hui, l'exhumation de cette affaire nous replonge dans les remugles de la fin du giscardisme miné par la guérilla de gaullistes prêts à tout pour reconquérir le pouvoir qu'ils avaient perdu depuis la mort de Pompidou.


Pourquoi le dossier est rouvert

Le 1er février 2013, Jean Charbonnel, ancien ministre gaulliste, se dit prêt à livrer deux noms qu'Alexandre Sanguinetti, figure du gaullisme, lui a présentés comme étant les responsables de la mort de l'ancien ministre. Le 19 mai 2015 : la fille de Boulin dépose une nouvelle plainte s'appuyant sur le témoignage recueilli par le journaliste Benoît Collombat d'un homme ayant vu deux individus dans le véhicule du ministre le jour de sa mort.

Jean-Pierre Bédéï

Tag(s) : #Gouvernement, #Politique
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