Le Lot sous la chaleur...
Le vieux monsieur s'avance
appuyé sur sa canne
très digne il descend
en gare de Cahors
Sa cravate rayée
sang et nuit, sang et deuil,
nous rappelle d'autres trains
d'autres temps...
de la guerre si loin
des compagnons si proches
du maquis
des combats...
Les récits font foison
ses jambes douloureuses
ont arpenté le Causse
il y a de ça longtemps...
du chant des partisans
roulement de tambours
des sonneries aux Morts
hommage à Jean Moulin
Sous les drapeaux qui claquent
y a des hommes qui pleurent
dans la foule insouciante
y a des enfants qui rient
Alors que claudiquant
d'un pas mal assuré
il suit le défilé
Les hommes de la guerre
surmontant leur douleur
le regard embué
bien au-delà des bois
avancent et se souviennent...
Dans leur tête se pressent
souvenirs , fusillades...
aucune nostalgie
de tout ce sang versé...
Dans la foule qui observe
- attraction de l'été -
d'un air indifférent
sous un soleil de plomb
défilent les médaillés...
Sa cravate l'étreint
les blessures se rouvrent
Eux ils avaient 20 ans
auraient pu se moquer
et puis laisser à d'autres
le soin de regagner
cette chère Liberté
Se battant pour qu'on vive
se cachant pour survivre..
Et le drapeau s'abaisse
vers la terre gagnée
et le drapeau se lève
aux airs de Liberté
le train va repartir
usagers anonymes
qui se font bousculer...
la foule qui ignore..
le vieux monsieur ridé
a rangé ses médailles,
et se dit que tant pis...
pour tout ces gens pressés
ça valait bien la peine
de laisser ses vingt ans
dans les sous-bois glacés
de ce Maquis sanglant
Caniac du Causse
3 septembre 2011