je me laisse glisser
évitant de penser
écoutant étouffé
le carillon tout proche
sonnant la fin de l'été
dans la rue par milliers
y a des hommes en colère
martelant des slogans
éphémères...
j'ai la fièvre... même pas mal
clouée au pilori
de nos projets perdus
il n'y a pas d'avenir
une énorme machine
inexorablement
qui s'avance et nous broie
tels les chars impatients
de ce printemps chinois...
j'ai la fièvre d'une vie
pleine de liberté
de justice d'égalité...
mais c'est peine perdue...
quand sur les barricades
de notre jeunesse si belle
ils envoient la mitraille
de leurs joujoux d'acier...
car avides d'argent
la chair est bien trop tendre
pour calmer les ardeurs
de leur milice armée
alors dedans la chambre
je me laisse glisser
et la fièvre déroule
des souvenirs de mai...
si l'hiver s'achemine
les sirènes qui hurlent
c'est la fin de l'été
c'est le glas de nos rêves
que l'on entend sonner
nettoyage karcher ..
il est temps de reprendre
sa place dans les rangs...
comme des enfants sages
il faut ranger nos jouets
banderoles et trompettes
finie l'heure d'été
alors je laisse la fièvre
envahir tout l'espace
il est si facile
de se voiler la face
de se fermer les yeux
à travers les paupières
de voir la vie en bleu....