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je me laisse glisser
évitant de penser
écoutant étouffé
le carillon tout proche
sonnant la fin de l'été 

 


dans la rue par milliers
y a des hommes en colère
martelant des slogans
éphémères...
j'ai la fièvre... même pas mal
clouée au pilori
de nos projets perdus

il n'y a pas d'avenir

une énorme machine
inexorablement
qui s'avance et nous broie
tels les chars impatients
de ce printemps chinois...

j'ai la fièvre d'une vie

pleine de liberté
de justice d'égalité...
mais c'est peine perdue...

quand sur les barricades

de notre jeunesse si belle
ils envoient la mitraille
de leurs joujoux d'acier...

car avides d'argent
la chair est bien trop tendre
pour calmer les ardeurs
de leur milice armée

alors dedans la chambre

je me laisse glisser
et la fièvre déroule
des souvenirs de mai...

si l'hiver s'achemine
les sirènes qui hurlent
c'est la fin de l'été
c'est le glas de nos rêves
que l'on entend sonner

nettoyage karcher ..
il est temps
de reprendre
sa place dans les rangs...
comme des enfants sages
il faut ranger nos jouets
banderoles et trompettes
finie l'heure d'été

alors je laisse la fièvre

envahir tout l'espace

il est si facile

de se voiler la face
de se fermer les yeux
à travers les paupières
de voir la vie en bleu....


octobre 22, 2010 - vendredi (extrait de Fièvre)

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