Alors que l'on reparle d'un re-confinement probable, je pensais à ces deux mois bizarres du 17 mars au 12 mai de cette année. Enfermés, on devait être enfermés.
Parce que j'écris des articles dans les journaux, j'avais une autorisation de sortie permanente. Et je suis sortie... sans masque, parce qu'il n'y en avait pas, et que ce n'était pas obligatoire...
Je suis sortie pour interviewer des gens, des gens vivants qui travaillaient, qui continuaient leur petit bonhomme de chemin.
Dès le le premier jour du confinement au village, le cantonnier a continué comme avant.
Plus aucune voiture ne circulait, excepté les tracteurs des agriculteurs, le camion des éboueurs une fois par semaine, le monsieur apportant tous les jours la Dépêche et le facteur, épisodiquement.
Le cantonnier, comme il faisait beau, passait ses journées dehors.
Les premiers jours, alors que beaucoup de gens du village avaient peur, étaient même terrorisés et se calfeutraient, le cantonnier travaillait. Il nettoyait les trottoirs et les fossés, imperturbable et rien que le bruit lancinant du roto-fil était rassurant... Que quelqu'un pense que ce soit important de garder le village propre, joli c'était déjà rassurant.
"C'est peut-être un détail pour vous", pour paraphraser Michel Berger, "mais pour moi ça veut dire beaucoup! "Qu'il était libre et qu'on l'était tous si on voulait. Il suffisait de faire un pas hors de chez soi, dans la rue, dans la cour ou le jardin.
C'est peut-être idiot comme parallèle, mais c'était comme pour les vaches dans les champs qui paissaient tranquillement et le soir venu donnaient leur lait. Une impression immuable de sérénité, comme si rien n'était changé. Et heureusement que le cantonnier entretenait le village et que les vaches continuaient à donner du lait. Sinon que serions-nous devenus?
C'est pour cela que moi aussi j'avais continué à écrire mes articles, juste pour témoigner que la vie continuait et qu'il y avait des gens vivants, que la vie n'était pas confinée.
..../ à suivre
Article de la Gazette du 2 avril 2020
Patrick employé communal depuis le mois d’octobre à Cassagne continue son bonhomme de chemin le long des routes du village : « je ne me suis pas arrêté à l’annonce du confinement »
Comme le précise également le maire Philippe Souquet, « c’est notre seul employé à la voirie, donc il a pu continuer son travail. Au secrétariat deux personnes sont chacune dans un bureau et Marie-Pierre, l’agent d’entretien, vient ponctuellement quand il y a besoin »
Pour Patrick, pas trop de stress : « j’applique les consignes et les gestes barrières. J’ai les masques, le gel… Je n’ai pas peur et je suis les procédures. Chez moi Je me protège également avec des huiles essentielles. »
Le printemps ayant poussé la porte, le travail de tonte sur les trottoirs ne manque pas : «j’en ai jusqu’à fin mai, début juin. Cassagne est assez étendu j’ai donc tous les écarts à faire et le centre-bourg. »
Evidemment Patrick croise les gens du village, dans leur jardin : « bien sûr que le Covid19 ça inquiète, mais pour l’instant pas de peur panique, il faut bien continuer. Les gens ne m’évitent pas trop. Ils ont une bonne philosophie je trouve. Et dans les campagnes on est quand même un peu privilégiés. »