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Mazères sur Salat - Riz Lacroix, l'usine du patrimoine communal
Mazères sur Salat - Riz Lacroix, l'usine du patrimoine communal
Mazères sur Salat - Riz Lacroix, l'usine du patrimoine communal
Mazères sur Salat - Riz Lacroix, l'usine du patrimoine communal

C’est une histoire qui malheureusement n’a cessé et ne cesse de se répéter : celle de l’industrialisation, son apogée et son déclin. De même que les Haut-Fourneaux en Lorraine, la papeterie dans toute la vallée du Salat a eu ses heures de gloire avant de disparaitre. Au départ des hommes ambitieux. Le premier de la famille Lacroix est Jean au 17ème siècle, ouvrier-papetier à la Couronne en Charente. Le fondateur, le précurseur dans la fabrication du papier à cigarette « surfin », celui qui est à l’initiative de la société Lacroix et des usines sur le Salat c’est Léonide Lacroix (1832 – 1906)

Quelques dates importantes qui jalonneront la vie de Léonide et le devenir de Mazères et Cassagne:

1865 : invention du cahier de papier à cigarettes cartonné

1867 : dépôt de la marque « RIZ LA + »

1872 : création de la société « L.Lacroix fils et Cie »

1874 : bail de l’usine de Mazères-Nord, suivi du bail de l’usine de Cassagne.

1879 : achat de Mazères Nord et construction de la passerelle sur le Salat reliant les deux usines

1881 : premier dépôt de la marque « RIZ LA+ » aux Etats-Unis.

1884 : L.Lacroix est élu maire de Mazères. Il le restera jusqu’à sa mort en 1906.

1885 : bail des « Papeteries du Sud-Ouest » à Mazères-Sud

1889 : médaille d’or à l’Exposition Universelle de Paris

1891 : achat des « Papeteries du Sud-Ouest » à Mazères Sud

Pourquoi cet homme, originaire d’Angoulême, va-t-il installer ses entreprises dans ces deux villages du Comminges?

L’explication est donnée dans l’ouvrage publié en 1995 « Les Lacroix : sept générations de papetiers en Charente », ouvrage écrit avec la coopération des directeurs de l’usine de Mazères Jean-Paul Tardi et Jean-Guy Auriault : « il est fort probable que Léonide Lacroix a suivi de près le développement de « la houille blanche », découverte vers 1867 par le pyrénéen Aristide Berges, son contemporain. L’utilisation des chutes d’eau d’une grande hauteur pour la production d’énergie s’est révélée extrêmement efficace. » Ses recherches pour trouver un lieu favorable le conduisirent dans les Pyrénées, ou il finit par s’installer à Mazères et ensuite à Cassagne : « l’usine et la chute de Cassagne, située sur la rive droite du Salat, consistaient en un moulin composé de trois meules à plâtre et une scie à bois. Léonide Lacroix fit construire un canal et installa lui-même les premières turbines hydromécaniques de France. Elles firent tourner deux machines à papier à cigarettes « marchant en continu même le dimanche ». Léonide avait prévu l’installation d’une puissante machine à vapeur, spécialement venue d’Angleterre, pour aider les turbines en cas de sècheresse. L’usine ne devait jamais s’arrêter de tourner. »

Les guerres, les grèves, les aléas climatiques, les incendies, mais surtout les dépressions économiques et les crises qui en découleront vont faire décliner l’activité. Dans les années 1970, des sociétés étrangères commencent à entrer dans le capital de cette « vieille affaire familiale. » La société passe ensuite entre les mains d'un groupe bancaire qui, en 1997, cède les usines à Imperial Tobacco Group. Des 800 salariés au début du siècle dernier, il en restera  70, le triste jour du 9 octobre 2001, jour de l’annonce par le PDG de Tobacco de l’intention de la fermeture de l’usine. « Les carnets de commandes étaient pleins, les bénéfices réels, oscillaient entre 11 et 12 millions de francs chaque année. Un nouveau parc de machines avait été installé », expliqueront les responsables syndicaux au journaliste de la Dépêche Jean-Jacques Dard.

Aujourd’hui et depuis 16 ans, la commune s’est tournée vers une revitalisation de cette zone industrielle, refusant qu’elle devienne une des nombreuses friches comme celles qui longent le Salat de l’Ariège jusqu’à Roquefort.

Documents d'époque, photos, outils, brevets, machines, présentation audiovisuelle au musée./  DDM. ZG
Documents d'époque, photos, outils, brevets, machines, présentation audiovisuelle au musée./ DDM. ZG

Journées du Patrimoine à Mazères sur Salat avec, outre la visite de la chapelle Saint-Matrone, celle pendant les deux jours des 16 et 17 septembre du musée Riz Lacroix. C'est Manuel Alcaïde, habitant et élu de Mazères qui raconte :

Riz Lacroix fait partie intégrante de Mazères et de vous ?

Oui, j'y suis arrivé en 53, à l'âge de 10 ans. À cette époque-là, Mazères vivait au rythme Lacroix, de la sirène aux douches, avec même une école privée. Rares étaient les familles qui ne travaillaient pas à l'usine. J'ai été élu en 1977. À ce moment-là il y avait plus de 200 salariés. On y fabriquait la pâte à papier, les rouleaux de papier et les carnets à rouler.

À partir de quels moments les élus ont-ils été impliqués dans l'avenir de l'usine ?

On a eu une intervention directe que lors de la visite surprise des dirigeants d'Impérial Tobacco annonçant la fermeture de l'usine le 9 octobre 2001. Avant c'était souvent du domaine privé, car jusqu'en 1970 les municipalités étaient conduites par la famille Lacroix où avaient un lien étroit avec la société.

La cession à la commune a eu lieu en mars 2005, après démolition des parties vétustes et dépollution du site.

Une usine à l'arrêt dans la commune, c'était plus une charge qu'un atout ?

Le problème, à ce moment-là, était d'avoir un outil où l'on puisse installer des entreprises. Le but n'était pas de faire de l'argent, mais de pouvoir mettre à disposition des bâtiments dans les meilleures conditions d'acquisition pour les gens qui souhaitaient s'installer. Il a fallu, dès qu'on est devenu propriétaires, créer les réseaux d'eau, d'assainissements, du pluvial, gaz, électricité, voirie, télécom sachant que la zone fait 5 hectares. Aujourd'hui la zone accueille plus de 100 salariés, la commune près de 250 emplois.

Et le musée Lacroix aujourd'hui ?

Nous avons créé une association du musée Riz Lacroix avec Jean-Paul Tardi, ancien P.-D.G. de la société, Sébastien Chanfreau, moi-même et quatre dames qui étaient des salariées et qui participent aux visites du musée. Ce sera ouvert les deux jours. Dans le village il y aura un chemin de découverte concernant l'activité de l'usine Lacroix : les cités, l'école, les usines Nord et Sud.

Tag(s) : #Mazères sur Salat, #Patrimoine, #Comminges, #Canton de Salies, #Economie
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