« De nombreuses populations de cerfs bénéficieront probablement en partie d'hivers plus doux, mais des étés plus chauds et plus secs pourraient dépasser leurs tolérances physiologiques. » C'est la principale conclusion d'une étude européenne menée par l'Université suédoise des sciences agricoles, publiée mercredi 25 septembre dans la revue « Global Change Biology ». (1) Les auteurs ont fait la synthèse de 218 publications scientifiques sur la période 2000à 2022 portant sur les dix principales espèces de cervidés des régions boréales et tempérées d'Amérique du Nord, d'Europe et d'Asie : l'élan, le chevreuil, le wapiti, le cerf élaphe, le cerf sika, le daim, le cerf de Virginie, le cerf mulet, le caribou et le renne.
« Le changement climatique provoque des perturbations de grande ampleur dans la nature, où les seuils de tolérance ont déjà été dépassés pour certaines plantes et certains animaux », rappellent les auteurs. Si les hivers plus doux sont favorables aux cervidés, dans la majorité des cas, du fait d'une dépense moindre en énergie et d'une alimentation facilitée, ils peuvent ne pas l'être pour les espèces vivant sous les climats les plus froids (rennes, caribous) qui se voient empêchés d'accéder aux lichens du fait des croûtes de glace créées par les variations de température.
Avec les étés plus chauds et plus secs, certaines populations pourraient dépasser les tolérances d'adaptation du fait du stress thermique et des parasites. « À court terme, cela peut entraîner une diminution de la condition physique des animaux et, à long terme, les amener à se déplacer plus au nord en changeant les aires de répartition des cervidés », explique l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) qui a participé à cette étude. Certaines espèces de cervidés peuvent limiter les effets des conditions météorologiques difficiles en modifiant l'utilisation de l'habitat et les habitudes d'activité quotidienne, mais ces changements de comportement pourraient avoir des effets sur la dynamique des populations.
L'augmentation des températures au printemps et à l'automne, quant à elle, pourrait provoquer à long terme la sédentarisation des espèces migratrices (caribous, cerfs élaphes) après un changement du calendrier et des routes migratoires dans un premier temps. « Ces résultats devraient aider les gestionnaires de parcs naturels et de forêts ainsi que les chasseurs à mieux comprendre comment les populations de cervidés pourraient réagir face aux futures conditions climatiques et adapter leur stratégie de gestion de ces populations pour les préserver », explique l'Inrae.
© Tous droits réservés Actu-EnvironnementReproduction interdite sauf accord de l'Éditeur ou établissement d'un lien préformaté [44775] / utilisation du flux d'actualité.