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Cassagne - Quatre jeunes agriculteurs s'expriment
Cassagne - Quatre jeunes agriculteurs s'expriment

Le Salon de l'Agriculture à Paris a démarré sur un bien triste "fait divers", le suicide d'une mère de famille, productrice de lait en Bretagne. Un de plus, car selon Santé Publique France, 150 agriculteurs mettent fin à leurs jours chaque année, soit un suicide tous les deux jours.
Malgré cela il y a toujours des agriculteurs qui s'accrochent et des jeunes qui veulent démarrer des exploitations.


A Cassagne à la Rivalère, ils sont trois de la même fratrie Stéphane, Yannick et Marie a relever le défi jour après jour. Dirigeant le GAEC des Bessous, installés depuis 2006, aujourd'hui à la tête d'un troupeau de 650 brebis, "même si maintenant on a atteint un rythme de croisière", explique Stephane, "les premières années on a travaillé pour la peau et on a toujours des emprunts qui courent. Heureusement qu'au départ nous avions des bases avec des terres familiales et la famille présente en cas de coups durs."


Aujourd'hui qu'est ce qui fait que ça va mieux?

"Jusqu'en 2015 on vendait la moitié de la production laitière à la laiterie et on ne transformait en fromage que la deuxième moitié. Depuis on transforme tout le lait en fromage. Ce qui fait que l'on est passé de 9 tonnes de fromage annuels à 18 tonnes."


Le travail est réparti entre tous: les jumeaux Stephane et Yannick s'occupent des terres, des brebis et de la traite, du matériel, etc... Marie est à l'affinage, à la vente directe à la ferme et sur les marchés et foires. Bientôt un quatrième associé devrait rentrer dans le GAEC, Maxime le cousin, qui se chargera de trouver des marchés du fait de cette augmentation de la production.
Une vente qui fonctionne bien comme l'explique Marie: "on a mis le fromage en vente dans des grandes surfaces, sur le site internet, dans le magasin de producteurs de Muret, dans de grosses fromageries à Poitiers, Paris, Marseille. Maintenant on n'a plus d’investissements à faire, les caves tournent bien, le fromage est comme on le voulait et la clientèle est là".


Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui voudraient s'installer dans l'agriculture?
"Déjà de faire un étude de marché, de ne pas faire comme les autres et de se démarquer dans le choix du produit. Nous on le voit avec du recul. Peut-être qu'on aurait fait plus de produits diversifiés.
Mais pour des jeunes qui démarreraient aujourd'hui, avec un diplôme en poche, sans la famille derrière, et sans des installations de base, ce n'est même pas la peine de commencer. Nous, s'il fallait que l'on refasse aujourd'hui ce que l'on a fait en 2006, même avec les bases familiales, on ne le referait pas. Et de toutes façons aujourd'hui les banques ne nous suivraient pas. En 2006 il n'y avait pas toutes les crises laitières qu'il y a eu depuis.
Aujourd'hui il faut produire au cours mondial. Que ce soit du lait, des céréales, des bovins, des ovins. Les agneaux par exemple, il faut arriver sur le marché au même prix que les néo-zélandais. Le problème c'est qu'on ne peut pas produire au même prix de revient que les néo-zélandais. Donc on vend à perte. Effectivement on a des primes de l'Europe pour essayer de compenser la perte, mais ça ne compense même pas. Les gens nous disent qu'on vit avec les primes de l'Europe, mais c'est faux".
Marie continue: "les stagiaires, les gens, nous disent: agriculteur c'est le plus beau métier. Mais agriculteur ce n'est pas un métier c'est ta vie qui est en jeu. Tu y passes 24h par jour et si ce n'est pas physiquement c'est dans ta tête et les emprunts te le rappellent."
"Pour les jeunes qui voudraient vraiment se lancer, il faut qu'ils fassent très peu d'investissements, avoir un petit troupeau. Parce que si tu fais de gros investissements t'es pris au piège. Le jour ou il y a une crise, t'es pris tu ne peux plus rembourser."


Pourquoi ces suicides?

"Exemple le lait de vache. Pour produire un litre de lait ça coute 30 à 35 centimes et la laiterie te l'achète à 28 centimes. Donc quand l'agriculteur se lève le matin il sait déjà qu'il perd de l'argent.
Les vieux disaient: avant, t'avais toujours des crises mais jamais toutes en même temps, avant t'avais la crise sur la viande mais après ça repartait. Là ça ne repart pas. Et toute l'agriculture est en crise."


Des solutions?

"Il faut changer l'agriculture d'aujourd'hui. Baisser les taxes et les charges car on va aller vers une recrudescence de suicides. Ensuite il faut miser sur la qualité, augmenter les magasins de producteurs pour la clientèle. Diversifier et arrêter de bloquer les marchés en se précipitant tous sur le même produit. Tous ceux qui faisaient des vaches laitières font aujourd'hui du veau sous la mère, résultat les prix baissent et c'est la crise."

GAEC Les Bessous

La Rivalère

31260 CASSAGNE

Téléphone: 06 25 87 64 19

Mail: gaec@lesbessous.fr

site: http://www.bessous.fr

Tag(s) : #Comminges, #Canton de Salies, #Cassagne, #agriculture
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