Articles à lire sur la Gazette du Comminges du 22 février 2017
Alwa: entre ville et campagne
Tant qu'à habiter la campagne autant choisir la pleine campagne. C'est ce qu'ont fait Alwa Deluze, son mari Gregory, leur fillette et Zébulon le chat. Une maison de pierres traditionnelle surplombant la vallée du Salat et le village de Castagnède, à l'écart du centre du bourg. Alwa a débuté dans la presse nationale (TF1, LCI, Le Parisien, Elle, etc.) avant de quitter le journalisme pour se consacrer à la production et à la réalisation. Elle réalise régulièrement des films de communication et anime une agence sur Toulouse, créatrice de programmes audiovisuels haut de gammes: Anoki 7 rue des Arts Toulousehttp://www.anoki.fr/
Domiciliée à Castagnède depuis 5 ans, elle, une citadine, cherchait des réponses à ses questions: "je me disais de quoi vivent les gens autour de moi?", explique Alwa. "La semaine on travaille à Toulouse, et en fait ce qui m’intéressait c'était de passer du temps avec des gens dont je ne connaissais pas forcément la façon de vivre et leurs aspirations. Le fait de tourner un an était important pour moi. J'avais envie que le spectateur se place en situation de quelqu'un comme moi, avec mes yeux de citadine, et qu'il regarde l'organisation sociale dans un petit village rural".
Et pour cela elle choisit de filmer les séances du Conseil Municipal: "c'est le seul endroit ou se passait les choses. Ici il n'y a pas de commerces. J'ai passé du temps avec la maire du village, Martine Canal, et avec les habitants," Le tournage a duré un an d'aout 2015 à aout 2016: "je voulais filmer le village à chaque saison. Je voulais aussi que les gens oublient la caméra, et donc au début j'ai filmé sans chercher de sujets particuliers, juste pour que les gens s'habituent".
Ce film a permis également à la citadine qu'était Alwa de se rapprocher de cette vie rurale et de mieux comprendre certains paradoxes: "ce film m'a aidé à comprendre la façon de voir des habitants Je voulais faire un portrait du territoire surtout dans le sens de l'organisation, montrer ce que les gens font aujourd'hui. Dans une vie municipale on se rend compte qu'on est très loin de la politique. On se rend compte qu'ici c'est une population qui est en souffrance et je vois mal l'avenir de ce territoire. A Castagnède les gens se bougent, ils déploient beaucoup d'énergie avec le bénévolat pour maintenir le village en état et attractif. Il y a une entraide, un vrai investissement citoyen mais avec quand même des points de vue réactionnaires qui se traduisent dans les urnes, car malgré cette solidarité il y aussi un sentiment d'isolement".
A la question "Et Paris vous manque t'il?", Alwa répond: "Paris me manque de temps en temps. Mais je suis vraiment contente d'exercer mon métier ici. Ce qui me manque, ici, c'est la vie culturelle. Au niveau du sport, il y a des bénévoles qui se battent pour faire vivre les associations le basket, le foot, le rugby... mais sur le plan culturel il y a vraiment un manque."
Le film sera projeté en avant-première au cinéma le Régent à Saint-Gaudens le jeudi 23 février en présence des acteurs de ce documentaire. Il sera diffusé sur France 3 le 27 février aux alentours de 23h40.
Yvon et les pétanqueurs castagnétois
Se promener dans les rues de Castagnède en hiver est certes agréable, mais on y croise peu de monde. Un troupeau de moutons se réfugiant dans un enclos, de belles poules Brahma au plumage chamarré qui auraient bien fait un brin de causette et Yvon promenant sa petite fille. Yvon est arrivé à Castagnède il y a un peu plus de 30 ans: "nous étions quatre familles à avoir fait construire en même temps à Castagnède dans la rue du Lavoir. Du coup les anciens avaient baptisé le quartier, "le quartier des jeunes". Aujourd'hui on a tous la soixantaine...", raconte Yvon. Yvon est conseiller municipal, car dans ce petit village de 180 habitants chaque bonne volonté est la bienvenue, que ce soit à la municipalité ou dans les associations comme le Comité des Fêtes.
"Lorsqu' Alwa est arrivée avec sa caméra pour nous filmer au conseil municipal", poursuit Yvon, "au début on était un peu gêné. On se disait faut faire attention à ce qu'on va dire. Et puis au bout de quelques séances on a carrément oublié la caméra!".
La promenade s'est poursuivie jusqu'au fameux lavoir qui, malheureusement, est un peu à l'abandon mais qui a eu ses heures de gloire. Pas pour y faire les lessives mais il accueillait 30 ans en arrière les réunions des pétanqueurs: "Castagnède est un village ou il y a presque autant de pétanqueurs que d'habitants!" Et on parle de licenciés, pas des pétanqueurs du dimanche. "Il y a eu un club de pétanque officiel et les parties se jouaient devant le lavoir sur les chemins qui n'étaient pas encore goudronnés. Et elles se terminaient à l'intérieur du lavoir autour de la cheminée et de quelques grillades."
Jean-Jacques, le bénévole multi-fonctions
Un personnage, incontournable du village et du canton: Jean-Jacques Cazenave. Il fait partie "des meubles" . Il est arrivé au village en 96, mais sa famille y était installée depuis plusieurs décennies. Au Conseil Municipal depuis près de 20 ans, il fait partie de ses bénévoles que l'on trouve dans les villages et dont parle Alwa dans son film. Prêt à donner la main à toutes les corvées, on le retrouve au Comité des Fêtes, au foot ou il assure la présidence de l'US Salies Mane et bien sûr dans tout ce qui touche le milieu agricole que ce soit l'élevage, les céréales ou le lait. Actuellement c'est au volant de son camion qu'il effectue le ramassage du lait dans les villages: "Alwa est venue faire les tournées avec moi. Elle a suivi toute la tournée, de Villeneuve Lécussan jusqu'à la fromagerie de Bethmale, en passant par Fabas", explique Jean-Jacques. "Elle avait une certaine image de la campagne et là, de discuter avec les gens du milieu rural, ce n'était plus du tout pareil. Elle a participé aux séances du Conseil Municipal, aux diverses manifestations et aux travaux d'entretien que nous faisons nous-même. L'arrivée de l'ADSL au village fait partie d'un des moments forts du film, lorsque Alwa a filmé notre maire, Martine Canal, s'écriant "ça y est! on a l'ADSL !". Un monde rural avec des difficultés souvent ignorées des grandes métropoles.