Le Fils du Chiffonnier de Kirk Douglas

Dans le cadre de l'alternative à la télé... la lecture...

Pourquoi Kirk Douglas?

Je ne suis pas une adepte de la littérature concernant les vedettes de cinéma ou de la chanson. Mais il y a toujours des exceptions!

Ce livre a été écrit par le comédien lui-même Kirk Douglas, et ça se remarque de suite. C'est brut de décoffrage :) Mais ça a le mérite de la sincérité.

Kirk Douglas est mort dernièrement à 103 ans. C'est le père de quatre enfants dont Michaël Douglas qui est encore plus connu que lui.

A sa mort les journaux people se sont empressés de colporter la rumeur comme quoi "il aurait déshérité ses enfants, ne leur laissant rien" .... Toujours l'exagération, les fausses informations. Bien sûr ces dispositions avaient été prises de son vivant avec l'accord entier de ses enfants.

Pourquoi effectivement n'a t'il pas laissé toute sa fortune à ses enfants? ce n'est nullement des histoires de famille ou de règlement de comptes... 

Une explication prise dans Paris Match:

"Connu pour sa philanthropie, l’homme a en effet décidé de léguer la totalité de sa fortune à plusieurs organisations caritatives. Selon le Mirror, la majeure partie (50 millions de dollars) a d’ailleurs été distribuée à sa propre fondation éponyme. Quant au reste de l’héritage, plusieurs sommes ont été versées à la St Lawrence University, le Sinaï Temple de Westwood, une synagogue en Californie, un hôpital pour enfant à Los Angeles mais également le Kirk Douglas Theatre."

Pour en savoir plus, tout est dans son livre "Le fils du chiffonnier" (Mémoires) écrit en 1988. Il avait 72 ans.

Autant dire que vous n'entendrez pas parler de téléphone portable, internet ou Twitter. Par contre le récit de sa vie jusqu'à ses 72 ans, sans fioritures ni forfanterie.

Il n'est pas né "fils de..." mais fils de chiffonnier.

Le livre commence ainsi:

"(...) Mais pendant longtemps je ne fus rien.

"Rien", cela voulait dire être le fils d'un immigrant juif de Russie, dans la ville WASP (initiales de White, Anglo-Saxon, Protestant; quintessence de la normalité respectable aux Etats-Unis. Notes de la Traductrice) d'Amsterdam, état de New York. "Rien" cela voulait dire vivre au 46, Eagle Street, une minuscule maison en planches grises...."

Il n'y a pas de misérabilisme dans ce récit. Juste une vie comme il y en a eu des millions. Des témoignages sur cette Amérique que sa mère, Bryna Sanglei, issue d'une famille de paysans ukrainiens, a voulu rejoindre: "elle voulait que ses enfants voient le jour dans ce pays merveilleux où les rues étaient pavées d'or (ce sont ses propres mots!)"

Le nom de naissance de Kirk Douglas est Issur Danielovitch Demsky.

En 39, il prendra un nom de scène Kirk Douglas. Page 91: "Maintenant que je portais un nom tout à fait WASP, je connus l'antisémitisme d'une autre façon. Je me retrouvais au milieu de gens qui, ne sachant pas que j'étais juif, exprimaient ouvertement des vues courantes dans la population non-juive. De tels propos hantent les cauchemars des juifs, et je ne tardais pas à me rendre compte que ce n'était pas sans raison."

Mais le succès est loin d'être au rendez-vous.

Page 99: "A mon retour à New York, à l'automne, je n'avais plus ou loger. (...) J'en parlais à Peyton Price, un ancien élève de l'école. Il avait un petit appartement à Greenwich Village, avec des lits superposés. Il me proposa la couchette supérieure pour deux mois, le temps de trouver du travail et une chambre. Lorsque je voulus lui donner un peu d'argent, il me dit quelque chose que je n'ai jamais oublié et qui fit sur moi une impression profonde: "tu ne me dois rien. D'autres m'ont aidé et c'est à toi que je le rends. A toi maintenant de le rendre à quelqu'un d'autre. " Quelle belle philosophie! (...) Cela pourrait s’accroître de façon géométrique, comme ces fameuses chaines. A la fin cela pourrait même se traduire par un monde plus solidaire."

La suite dans son livre.... la guerre de 40, les dessous d'Hollywood, où ce n'est pas toujours ceux qui ont les noms en plus grandes lettres sur les affiches qui sont les plus altruistes... Comme on peut se tromper! Des héros de cinéma ne sont parfois pas du tout des héros dans la vie et parfois de fieffés salauds!