Comme une "punition", le marché de La Bastide-de-Sérou n’a pas lieu hier, jeudi, matin, pourtant maintenu depuis le début du confinement, La décision est tombée hier soir, par arrêté préfectoral. "Cette décision est liée à l’incident qu’il y a eu, avec un non-respect des consignes", explique la préfète, Chantal Mauche.
Deux musiciens étaient présents jeudi dernier
"L’incident" s’est produit jeudi dernier. Selon les habitants sur place, un groupe de musique, indépendant de l’organisation du marché, était installé et aurait joué pendant une dizaine de minutes. La gendarmerie s’est rendue sur les lieux pour leur demander de se disperser, ce qui aurait été exécuté selon plusieurs témoins.
Seule la vente de produits de première nécessité est autorisée lors des marchés, comme le stipule le décret ministériel, interdisant la présence de commerçants "non essentiels", ou aussi de musiciens. "En refusant la dérogation, nous souhaitions marquer le coup. Le maire n’était pas présent au moment des faits, mais cela en va de la responsabilité de l’organisateur."
Une mesure disproportionnée
Les habitants sont déçus, certains mêmes dégoûtés. "Nous sommes plusieurs à ne pas comprendre cette décision, témoigne Hélène Romanet. J’étais présente jeudi dernier, les musicien.e.s présent.e.s n’ont pas créé d’attroupement, elles et ils respectaient les distances. Cette situation a juste apporté un peu de joie dans cette période difficile d’isolement et de crise."
Pierre*, habitant de La Bastide-de-Sérou, regrette la décision de la préfecture, qu’il juge irrationnelle. "On est punis comme des enfants. C’est ridicule. Les mesures de sécurité sont respectées. On risque moins de se faire contaminer au marché qu’en allant faire ses courses au supermarché."
Impact sur les producteurs locaux
La décision a également un impact pour les productrices et producteurs locaux, pour qui ils sont essentiels. C’est le cas de Henri Deleye, de la micro-brasserie du Séronais, qui a écrit à la préfète.
"Je ne comprends absolument pas pourquoi vous devez pénaliser toute la population locale pour cette raison. […] J’espère que vous prendrez conscience de cette injustice et que vous réviserez votre décision incompréhensible, afin que le marché puisse se tenir comme les semaines précédentes, dans l’application des gestes barrière que nous avons toujours veillé à respecter."
La préfète signale au maire que le maire "pourra redeposer une demande s’il le veut, qui sera examinée".
*Le nom a été modifié