Article à paraître sur la Gazette du Comminges
le mercredi 20 mai et sur la Dépêche du Midi.
Dès mardi dernier 10 enfants de l’école de Montsaunes, faisant partie du RPI avec Lestelle de Saint-Martory ont retrouvé les bancs de leur classe. En cours de semaine deux se sont rajoutés.
Après une semaine de fonctionnement chacun des partenaires de la communauté éducative semble satisfait.
Du côté de la mairie, Maryse Mourlan explique : « il est important de démarrer aujourd’hui, puisqu’en septembre tous les enfants devront reprendre l’école et il vaut mieux commencer à mettre en place les protocoles dès maintenant. »
Pour le maire de cette commune de 445 habitants l’ouverture de l’école correspond à une urgence sanitaire, une urgence sociale et une urgence économique : « on ne peut pas laisser les enfants confinés chez eux ; en milieu rural il existe aussi des difficultés sociales. D’autre part il faut que les habitants puissent reprendre leur travail, leur commerce,... Vivre avec les 84% du chômage partiel, avec des crédits à rembourser, la nourriture du foyer à assurer, etc… ce n’est envisageable ni à moyen ni à long terme, cette reprise est également vitale pour le redémarrage de l’activité économique. Si d’ici fin juin tous les enfants veulent revenir, c’est vrai que ce sera plus compliqué. Mais on trouvera des solutions, on pourra adapter la salle des fêtes, ou d’autres salles. L’important c’est de vouloir. »
Maire depuis 1989, une des 12 femmes élues sur ce territoire qui compte 55 communes, il y a un autre combat pour lequel elle ne souhaite rien lâcher : l’indépendance des femmes acquise de dure lutte, et qui passe par l’accès au travail. Or, alors que le travail peut reprendre pour tous, il va s’en dire que si quelqu’un doit rester à la maison pour s’occuper des enfants ce sera plus généralement les femmes : « si on veut ramener les femmes à la maison, c’est sûr qu’en n’ouvrant pas les écoles et en les gardant confinées en permanence, on va revenir 70 ans en arrière avec l’apologie de la femme au foyer! »
Pendant ce temps, Bénédicte, institutrice du cycle 3 gère les 12 enfants sur 24 qui ont repris l’école : « ça se passe bien. Au début ils étaient un peu prostrés, un peu dans l’attente. Ils se sont mis dans les repères qu’on leur avait fixés, et ensuite ils se sont mis à jouer.
Pour les gestes barrières, ils en avaient entendu parler. Et on les a repris ensemble. Le 1er jour je voulais faire un temps de discussion pour parler de ce que l’on avait vécu, mais les enfants n’en voulaient pas ! Ils voulaient reprendre tous les rituels d’avant : écrire la date, travailler comme d’habitude. Le fait de retrouver la vie d’avant les a rassurés et cela a dédramatisé tout ce contexte anxiogène. Ils sont contents d’être là. Après ils se sont un peu moqué de moi, parce que je perdais le masque et ils voyaient bien qu’il fallait prendre un peu plus de temps pour distribuer le gel, etc… ! »
Comment les 12 enfants ont ils été choisis ?
« C’est moi qui les ai sélectionné, » explique la maîtresse, « par rapport à deux critères : j’ai donné priorité aux CM2 qui vont rentrer en 6ème, ils représentent la moitié. Ensuite les CM1 car ils étaient un peu plus en difficulté et ensuite deux enfants du CE2. Dans ce lot il y a bien sûr les enfants dont les parents travaillent (soignants ou pas).
J’ai assuré la continuité pédagogique pendant le confinement, avec un système d’enveloppes que je récupérais, mais également par internet. Presque tous ont pu suivre. Une élève n’avait pas le matériel, et du coup à la reprise nous lui apprenons à s’en servir à l’école. »
Il faut dire que l’enseignante doit continuer en parallèle à assurer cette continuité pour les 50% d’enfants qui sont chez eux. Elle a gardé le mercredi matin et le vendredi pour le faire : « c’est un dispositif que l’on a mis en place jusqu’à fin mai. Après on verra, selon les modifications ou pas apportées par le gouvernement. »
Il y a eu une collaboration de tout le monde la mairie, les employés municipaux, ceux de l’APEAI, la directrice du CLAE Maryline et les intervenants sportifs. C’est bien d’avoir un soutien. Je suis venue 15 jours avant pour voir ce qu’il faudrait faire, et ensuite on s’est retrouvés à plusieurs de chaque structure pour mettre en place le protocole. Ça a été un partenariat entre tous et du coup ça se passe vraiment bien. »