« Au nom du principe de précaution tel qu'inscrit dans la Constitution française, nous vous demandons que la France défende une interdiction de la production, de l'utilisation et de la dissémination de tout OGM issu du forçage génétique ». Telle est la demande qu'ont adressée au Premier ministre, Jean Castex, seize organisations, parmi lesquelles la Confédération paysanne, le collectif des Faucheurs volontaires ou encore Pollinis.
Le forçage génétique, expliquent-elles, est une nouvelle manière d'utiliser la transgénèse en l'accompagnant d'un contournement des lois de l'hérédité via une technique récente de modification génétique d'un organisme appelée « CRISPR ». « Cette modification pourra ainsi se propager en quelques générations à l'ensemble d'une population, voire à toute une espèce », alertent les ONG. Et les risques avancés font froid dans le dos : éradication d'espèces entières, modifications irréversibles d'équilibres naturels, interactions imprévues entre constructions génétiques forcées et naturelles...
La pression des firmes de la biotech est grande, expliquent-elles, pour que les tests aujourd'hui effectués en laboratoires soient menés « grandeur nature ». La Commission européenne, ajoutent les ONG, a demandé à l'Autorité européenne de sécurité de aliments (Efsa) si les protocoles d'évaluation des risques des OGM traditionnels pouvaient s'appliquer aux insectes issus du forçage génétique en vue de préparer le cadre réglementaire permettant leur mise sur le marché.
Les signataires formulent cette demande alors que se profilent les deux grands rendez-vous internationaux sur la biodiversité que sont le Congrès mondial de la nature de l'UICN à Marseille et la 15e conférence des parties (COP 15) à la Convention sur la diversité biologique (CDB). Le 16 janvier dernier, le Parlement européen a adopté une résolution invitant la Commission et les États membres à adopter un moratoire sur la dissémination d'organismes issus du forçage génétique lors de la COP 15. Les membres de l'UICN seront également appelés à définir une position commune sur cette question, rappellent les ONG.