La bauge, un matériau en terre crue historiquement utilisé en Normandie, a plusieurs atouts environnementaux et thermiques. Le projet Cobbauge de Builders École d'ingénieurs a tenté de le montrer. Aurélie Gérault, ingénieure R & D, s'explique.
En 2017, Builders École d'ingénieurs de Caen (anciennement ESITC Caen) s'est attelée à trouver un compromis innovant entre la nouvelle réglementation environnementale du bâtiment, la RE 2020, et l'exigence des plans locaux d'urbanisme (PLU) d'intégrer le patrimoine historique local dans la construction. Ce compromis, intitulé Cobbauge, mise sur une nouvelle formulation en terre crue.
La bauge, matériau traditionnel de construction des maisons du nord de la France et du sud de l'Angleterre, est composé de terre crue, de fibres végétales et d'eau. Sur le plan énergétique, « les études scientifiques avancent qu'avec une construction en bauge, on consommerait 50 % de chauffage en moins par rapport à une construction classique moderne », a souligné Aurélie Gérault, ingénieure R & D chez Builders École d'ingénieurs, à l'occasion du salon Batimat 2022 (voir la vidéo). Cerise sur le gâteau, comme ce matériau bio-sourcé est fabriqué à partir de ressources naturelles locales, son empreinte carbone demeure donc extrêmement faible.
Pour remettre néanmoins la bauge au niveau de l'enjeu réglementaire, l'établissement caennais s'est allié à l'université de Caen-Normandie, au parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin et, outre-Manche, avec l'université de Plymouth, l'association Ebuki et le cabinet Hudson Architects. L'enjeu était d'aboutir à « un matériau capable de retenir la fraîcheur quand il fait froid dehors et d'éviter qu'il fasse trop chaud à l'intérieur d'une maison », s'est expliquée Aurélie Gérault.
Ensemble, les porteurs du projet ont élaboré deux formulations de bauge, l'une structurante, l'autre isolante, et les ont combinées pour fabriquer les murs de deux bâtiments pilotes. Ces derniers, construits l'un en Normandie, l'autre près de Plymouth, ont été achevés au début de l'année 2022. « Nous avons aussi placé différents capteurs pour recueillir des données qui nous permettrons de valider aussi, au-delà de l'aspect thermique, le confort des usagers, la qualité de l'air, puis la consommation énergétique en termes de chauffage au fil des saisons », a précisé Auréalie Gérault, dans l'attente de résultats en juin 2023.
Félix Gouty, journaliste
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