Montsaunes - Une cagnotte pour la Cave à Bœuf

En quelques heures, ce sont des années de travail, le souvenir de générations passées dans ce restaurant "La cave à Bœuf", situé face à l’église templière de Montsaunès, qui sont partis en fumée. Le seul café-restaurant du village, halte incontournable des jeunes des comités des fêtes successifs, des membres des diverses associations et des touristes partant sur l’Ariège et les Pyrénées.

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"Il y a des lieux qui portent bien plus que des murs et des tables. Ils portent des souvenirs, des sacrifices, des histoires d’amour et d’amitié. Mon restaurant, c’était tout cela à la fois. Quand nous l’avons retapé de nos propres mains, avec mon ex-mari et son père, chaque clou, chaque coup de pinceau était un morceau de nous. Son père, qui nous a quittés trop tôt, y avait laissé son empreinte. Il y avait mis son savoir-faire, son énergie, et surtout, son amour.

Un lieu qui a surmonté les crises

Mais la vie n’est pas toujours tendre avec ceux qui osent rêver. "Une liquidation nous a brisés, nous laissant exsangues, vidés de cette passion qui nous animait. J’avais tout perdu… Et je ne croyais plus en rien." Dans ces moments difficiles, la restauratrice a pu compter sur ses proches, notamment sa marraine. "Elle a été cette voix qui m’a forcée à relever la tête quand je voulais tout abandonner." Grâce à elle, Isabelle fait la rencontre d’une banquière. "C’est grâce à elle que j’ai pu rouvrir après la liquidation, retrouver un souffle, une seconde chance."

Puis la solidarité s’est organisée. Aidée de son père et son beau-fils, de ses amis et des amis de ses enfants, la propriétaire de la Cave à Bœuf a repris les travaux. "Ce n’était pas juste un chantier, c’était une reconstruction de mon rêve. Et au-delà des efforts physiques, il y a eu ma mère, qui m’a soutenue financièrement. Sans elle, sans eux, rien n’aurait été possible." Chaque mur repeint, chaque planche posée, chaque détail travaillé portait en lui le souffle d’une renaissance. Le grand-père d’Isabelle aussi avait contribué, à sa manière en lui offrant une précieuse batterie de cuisine, un trésor chargé de souvenirs.

Puis, le Covid est arrivé. "Comme tant d’autres, nous avons dû fermer. Plus de clients, plus de service, plus de revenus. Chaque jour, l’angoisse grandissait. Mon restaurant, déjà fragilisé, vacillait sous le poids de cette crise", se souvient Isabelle, soutenue encore une fois dans cette période difficile par un ami qui lui propose du travail. "Quand tout s’effondre, l’entraide est notre plus grande richesse."

Et puis… Le feu

"Les flammes n’ont pas juste emporté des murs et du mobilier. Elles ont ravagé une part de mon histoire. La décoration, atypique et sincère, qui reflétait ce que nous étions, n’est plus que cendres et suie. Ce n’était pas une faillite, ni des obstacles administratifs. C’était un brasier, aveugle et impitoyable".

Mais il y a une chose que le feu n’a pas pu détruire : la force de cette restauratrice qui a su montrer sa résilience à plus d’une reprise. Cette fois encore, il faudra rebondir. "Tant que je serai debout, tant que des mains se tendront pour m’aider, alors le restaurant renaîtra. Peut-être différemment. Peut-être ailleurs. Mais l’âme de ce lieu survivra. Car les cendres ne sont pas la fin. Elles sont le terreau d’un nouveau départ."

Les témoignages de la famille, des amis, de la municipalité, des clients sont unanimes : "les clients aimaient sa cuisine, l’ambiance du restaurant. Isabelle nous disait souvent qu’ils ne voulaient plus partir. La Cave à Bœuf était leur bébé, leurs vies"