Journées du patrimoine
/http%3A%2F%2Fwww.sainte-croix-volvestre.info%2Flocal%2Fcache-vignettes%2FL500xH604%2Farton1250-1630f.jpg)
Comme chacun de vous le sait, la 29e édition des Journées européennes du patrimoine se déroulera les 15 et 16 septembre sous le thème : « Les patrimoines cachés. » Secrets d’histoire, trésors enfouis, coulisses et machineries, envers du décor… pendant deux jours le public est invité à découvrir un patrimoine rarement accessible, parfois méconnu et souvent insoupçonné.
Avec une certaine amertume – que Dieu me pardonne- je note que le prieuré de Ste Croix Volvestre ne figure pas au programme de ces journées. Quelle manque de reconnaissance de la part de nos contemporains. Le prieuré de Ste Croix n’est-il pas à l’origine de notre village chef lieu de canton ?
Comme le rappelle si bien Christiane Miramont, le monastère de Ste-Croix, vraisemblablement créé entre 1114 et 1117, appartenait à l’ordre de Fontevrault, ordre fondé par Robert d’Arbrissel. Soumis à la règle de saint Benoît, les monastères de cet ordre accueillaient à la fois des hommes et des femmes vivant dans des couvents séparés mais tous, soumis tous à l’autorité d’une abbesse, pour rappeler la Vierge. Les religieuses avaient le droit de patronage de la cure ce qui pourrait vouloir dire que le village s’est formé autour du monastère. Ce qui correspondrait bien à l’esprit de Robert d’Arbrissel, créer un monastère dans un lieu désert comme devait l’être à l’époque ce pays du Volvestre.
En 1263, Gentile de Gensac lui donna une forêt de 240 arpents. En 1282, il comptait 63 religieuses et 25 religieux et un revenu estimé à 20 000 livres, ce qui en faisait un des plus importants de tout l’ordre. Le couvent est détruit vers 1360, au cours de la guerre de Cent ans, peut-être par des bandes de routiers qui ravageaient la région. Il ne sera reconstruit qu’en 1620 mais il ne retrouvera jamais son importance.
La révolution va être fatale au couvent. Le décret du 17 août 1792 ordonne que toutes les maisons occupées par des religieuses soient évacuées. En septembre les religieuses quittèrent le couvent qui sera vendu avec ses dépendances, le 2 thermidor an IV (20 juin 1796) à Jean Lasmastre habitant de Ste-Croix pour 13 824 francs. De cet ensemble conventuel qui occupait quatre hectares, il ne reste que les murs de l’église, une imposante tour où résidait la prieure, les longs murs de la clôture et à côté de l’église paroissiale, le prieuré des hommes où l’on peut encore voir les restes de l’entrée de la salle capitulaire.
Reconnaissez avec moi, mes chers contemporains, que dans l’attente d’une réhabilitation conservatoire, ce patrimoine historique local méritait de figurer au programme de ces 29e Journées européennes du patrimoine.
C’est d’autant plus dommageable qu’avec le thème du « patrimoine caché » il s’agit de rendre accessibles le patrimoine immobilier et mobilier au plus grand nombre et de suivre pas à pas cette injonction de Proust : « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. »
Pétronille de Chemillé, prieure de l’abbaye de Maugouver de Ste Croix Volvestr