Toulouse - Annegarn, troubadour en roue libre à la Halle aux Grains

Troubadour gascon né à La Haye, «Ami du verbe», du slam et de la poésie, Dick Annegarn va, comme le «Vélo Va», son dernier et magnifique album. A 62 ans, dont quarante passées à chanter les géraniums, l'or, Bruxelles et les belles vallées, Dick est au sommet de son art. Il laissera demain mercredi sa demeure de Laffite-Toupière pour venir chanter à la Halle aux Grains, accompagné de quelques amis et une vingtaine de chansons éternelles.

«Vélo Va» est l'un de vos meilleurs disques et la jeune génération, de Mathieu Boogaerts à Raphaël, vous encense. Une revanche sur les années difficiles ?

Non, pas une revanche. Disons que j'ai envoyé un bout de bois, je suis allé me promener pendant trente ans, et maintenant, les bras levés, je retrouve le boomerang que j'avais lancé avec force et conviction. Tout est dans le geste, ou la geste. Je m'étais efforcé de soigner la qualité, pour que ces choses durent un peu plus que trois semaines à la 17e place du Top 50 de RTL…

Vous fêtez quarante ans de carrière…

Oui, mais à 62 ans, j'avoue que ça m'amuse moins. A mon âge, traverser la France, chargé comme un mulet, répondre à ces interrogations dont je n'ai pas les réponses… Je suis un peu pressé de poser mes valises. J'ai ma «Caravane du verbe» et je prépare une série télévisée : «On la connaît la chanson, mais pas les coulisses». J'ai passé ma vie à écrire des chansons, ce qui signifie que j'ai passé ma vie dans la cuisine. Quand vais-je m'asseoir à la table du restaurant ?

Les chansons de «Vélo Va» étaient destinées à d'autres chanteurs…

Oui, des commandes de chanteurs qui vendent bien plus que moi ! Calogero, Raphaël… Ce sont des exercices de style, dans l'esprit de «Sacré géranium» : à l'époque on chantait la rose, alors j'ai chanté le géranium, on célébrait Paris, alors j'ai fêté Bruxelles. Donc, j'ai écrit pour d'autres – mais je est un autre, comme disait Rimbaud – qui n'en ont pas voulu. Moi, je pensais qu'elles étaient trop bien pour être oubliées.

Elles oscillent entre euphorie et mélancolie…

Ce sont des sentiments mélangés, comme un désordre — mais pas amoureux. Même un paysage en plein été, au milieu d'une nature luxuriante, sous une chaleur que nous envient nos amis bruxellois et lillois, peut nous faire ressentir une douce mélancolie.

Vous avez invité quelques amis à la Halle aux Grains…

Hughes Aufray ! Je l'ai connu quand j'avais seize ans, ce chanteur légendaire, ce Davy Crockett avec une guitare ! Il y aura Big Flo et Oli, nos rappeurs toulousains, que j'ai invités sur un Festival du verbe. Je les suis, et je suis ravi qu'ils gagnent en notoriété. Il y aura aussi Vianney, un jeune chanteur de Tôt ou Tard, comme moi. C'est une tournée anniversaire, mais je n'aime pas trop regarder derrière moi : j'ai peur que Jéricho s'écroule !

Dick Annegarn en concert mercredi 19 novembre à 20h30 à la Halle aux grains (1, place Dupuy). Première partie : Vianney. Tarifs de 26 à 34 €. Tél.05 62 73 44 77.