Le 5 juin prochain, une centaine de tracteurs Lanz seront réunis au Compa. A cette occasion, revenons sur les grands événements de cette marque pionnière dans l’évolution du machinisme agricole.
Ce qui a fait la renommée internationale de la société Lanz, c’est la particularité de son moteur, et notamment, son allumage très spécifique et novateur pour l’époque : le système de la boule chaude utilisé pour des moteurs semi-diesels.
Le système de démarrage à boule chaude est appelé ainsi à cause de sa forme : tous les tracteurs motorisés par le moteur semi-diesel à deux temps à boule chaude possèdent à l’avant une protubérance de forme sphérique.
Elle est très épaisse, généralement en acier au nickel et fixée sur la culasse, face à l’injecteur. Non refroidie, la boule chaude a une température comprise entre 500°C et 600°C continuellement maintenue par la combustion du moteur.
Aussi appelée « calotte », elle n’est autre que la partie visible de la culasse qui est refroidie par des chambres à eau.
Une fois chauffée à l’aide d’une lampe de chauffe, c’est le combustible contenu dans cette boule qui permet le démarrage du tracteur. Au contact de la boule chaude, le combustible subit des modifications chimiques qui lui permettent alors de s’enflammer spontanément malgré le faible taux de compression du moteur.
- Qu’est-ce qu’un moteur semi-diesel ?
Le moteur semi-diesel est un moteur 2 temps à faible taux de compression, ayant besoin d’un point chaud pour son explosion.
Une fois la boule chauffée, elle permet la mise en marche d’un moteur monocylindrique très simple qui produit un bon rapport puissance/poids, consomme peu et qui peut fonctionner avec des charges variables.
Il accepte différents types de carburants (…), même les moins chers, ce qui le rend donc rentable (à chaque type de carburant correspond un type de boule).
Après avoir bien chauffé la boule à l’avant du Lanz, le démarrage s’effectue grâce au volant. Il faut l’enclencher sur le coté de la machine et le tourner pour créer l’explosion et provoquer le démarrage. Ce type de tracteur tombait rarement en panne.
Même si le système à boule chaude et le système de démarrage sur le coté (volant) était une réelle révolution à cette époque, il faut souligner que des accidents intervenaient fréquemment. Ils étaient surtout dus à la difficulté de tourner le volant ainsi qu’à la force du volant au moment du démarrage (effet de « retour de manivelle »). Le carburant présent dans la boule pouvait créer une surchauffe et ainsi devenir dangereux et exploser.
Comme tous les tracteurs, le Lanz avaient certains inconvénients : le démarrage était assez contraignant, les commandes raides, il y avait des vibrations importantes et un inconfort flagrant sur ce type de tracteurs. Il fallait changer l’huile moteur si le tracteur restait à l’arrêt pendant plus de 2 jours, ce qui engendrait un coût (même si ce tracteur restait plutôt économique).
Le moteur à boule chaude était déjà utilisé dans la navigation, mais rien de tel n’existait dans le machinisme.
A son arrivée au sein de l’entreprise Lanz, l’ingénieur Fritz Huber montre tout de suite son intérêt pour ce type de moteurs et veut l’adapter aux machines agricoles. Il réussit son pari mais son idée d’équiper tous les tracteurs Lanz est d’abord rejetée puisque, même s’il est économique, le système à boule chaude reste trop cher à fabriquer, surtout en temps de guerre. Quelques années plus tard, la guerre étant passée et l’économie relevée, Huber réaffirme son projet et la direction lui accorde une équipe de mécaniciens afin de l’aider dans sa tâche. Les moteurs à boules chaudes sont donc lancés et le succès sera plus qu’au rendez-vous, car ce système deviendra l’emblème de Lanz et fera sa renommée internationale au point d’être souvent copié.