A midi sur France Inter j’écoutais un débat sur la politique menée pendant et après le confinement par le gouvernement.
Une des questions posées par les journalistes était: "trouvez-vous que les décisions sont trop étatisées? ne devraient on pas laisser plus d’initiatives locales aux maires, régions ou départements?
Je ne vais pas me lancer dan un grand débat! mais après tout, pendant ce confinement je n'ai pas entendu s'exprimer ni notre député, ni notre conseillère départementale, et j'espère qu'ils vont bien. Et donc ayant été pendant 25 ans à la tête d'une association créée par des bénévoles (avec à peu près 5% de subventions étatiques à mon départ) et qui aujourd'hui compte plus de 25 salariés associatifs, et ce dans le milieu scolaire, il me semble que je peux aussi donner mon avis.
Pour en revenir à ce partage entre Etat ou local, je souhaiterais dire ceci:
On va prendre en exemple un sujet qui nous occupe depuis une semaine : la ré-ouverture des écoles.
Je pense que la décision d'ouverture ou pas des écoles, ne devrait dépendre que de l'Etat, dans une déclaration de politique générale, s'appliquant à toutes les communes.
Je prends un exemple: une entreprise de 30 salariés. Ces 30 salariés ne vivent pas tous dans le même village. Dans certains l'école est ouverte, dans d'autres non. Parmi ces salariés il y a des directeurs, des cadres, des employés, des intérimaires... De façon aléatoire il se peut que l'école du directeur ne soit pas ouverte, ou celle des employés... mais tous ont leur rôle à jouer dans l'entreprise.
Comment parler de relance économique pour cette entreprise si tous les salariés sans distinction ne peuvent reprendre le travail?. L'absence des uns entraînant l'impossibilité de mener à bien les objectifs, les projets de l'entreprise. Concurrentiellement elle prend le risque de se laisser prendre les marchés par une autre qui ne sera pas dans le même cas.
C'est pour cela que , je pense, l'ouverture des écoles aurait dû être décidée de façon égalitaire dans toutes les communes, sur les zones vertes françaises.
J'en viens aux difficultés rencontrées par les mairies: "on ne peut pas pousser les murs." Certes.
L'Etat a fourni un process pour lutter contre la propagation de la pandémie. Le process est très bien en lui-même. Aurait'il été plus simple que tous auraient dit "oui, mais quand un gamin veut faire pipi comment on fait?"... C'est prévu.
Ceci dit, effectivement, et je pense plus aux écoles des villes comportant 4, 5 ... 10 classes, sacré problème car il faut trouver des locaux assez vastes pour y loger les enfants, et cela demande un peu de temps. Mais ça peut se faire.
Aujourd'hui les salles des fêtes, les gymnases, les équipements sportifs, des campings ne sont pas utilisés et ne le seront pas pendant encore un certain temps. D'autre part, nos communes rurales ont souvent des classes uniques et une salle des fêtes. Il doit bien y avoir moyen de regrouper les enfants, si tous avaient repris, dans une grande salle, ou plusieurs salles, une par enseignant?
Si ce n'était pas possible le 12 mai, pourquoi pas le 18 ou le 25 ou le 1er juin ou un peu plus tard?
Mais que tous, sur une zone verte comme la notre, reprennent en même temps. Que les commerces, entreprises, sociétés... puissent travailler à effectif complet sans avoir à se soucier de comment faire pour s'occuper de leurs enfants.
Sur le canton de Salies du Salat, 3 communes et une association (Cassagne, Marsoulas, Montsaunes et l'APEAI) ont opté pour l'ouverture des écoles et du périscolaire.
Quelqu'un peut il s'arroger le droit de traiter ces élus, ou ces employés communaux et associatifs d'inconscients? Chacun, outre leurs responsabilités électorales ou associatives, occupent des postes à responsabilité dans leur vie active . Ont'ils été des inconscients, lorsque, au plus fort de la pandémie, en tant qu'agriculteurs ils procuraient de la nourriture à nos concitoyens? étaient'ils inconscients lorsqu'ils géraient des dossiers primordiaux pour les demandeurs d'emplois? On ne peut pas non plus les taxer d'être tous des pro-Macron ou LREM! Vous êtes d'accord?
Une des raisons qui les anime c'est qu'ils sont persuadés qu'il est absolument urgent que l'économie soit relancée sur ce territoire. On ne peut pas, non plus, confiner, de force, les femmes (car à 80% ce sont les femmes qui gèrent les enfants pendant qu'ils ne sont pas à l'école) sous prétexte que l'on ne peut pas trouver de locaux ou mettre les enfants.
Afin que certains d'entre vous ne les taxiez de sans-cœur, faisant prendre des risques inconsidérés aux enfants, je précise que tous sont également des parents.
Ah! la responsabilité pénale si un des enfants tombe malade du COVID?
Il faudrait déjà prouver qu'il l'a attrapé précisément à l'école, et non dans un des commerces, chez le coiffeur, dans des regroupements familiaux, chez eux, etc...
Ce qui m'agace, c'est qu'au plus fort du confinement, des enseignants, des animateurs, des femmes de ménage étaient présents pour s'occuper des enfants des soignants. Et tout le monde trouvait ça normal, bien contents que d'autres s'en occupent.
Aujourd'hui, période de déconfinement, en zone verte, ou le risque est moindre, on a l'impression que d'un seul coup le risque devient 100 fois plus important que pendant les pics de pandémie? Quelqu'un peut il m'expliquer?
Je suppose également que tous les parents, élus, salariés qui ne veulent pas que les enfants retournent à l'école se sont nourris pendant le confinement? Il y avait des vendeuses, des caissières, des boulangers,... derrière leurs étals ou leurs caisses. Étaient ce des inconscients?
Je mets également un bémol sur une des décisions de l'Etat qui a été de garder un service scolaire et périscolaire ouvert uniquement pour les enfants du personnel soignant pendant le confinement.
Pour moi, c'est une erreur. Mais tout le monde fait des erreurs!
Les écoles auraient dû être ouvertes pour les enfants de toutes les personnes qui devaient travailler: enseignants, animateurs périscolaires, commerçants autorisés à ouvrir, garages, personnel des transports, des services publics travaillant (éboueurs, déchetteries, police municipale,...) , enfants des forces de l'ordre, des entreprises aussi indispensables que l'énergie (électricité, eau, nucléaire...), etc... j'en oublie bien sûr.
Et enfin, aux risques d'en choquer beaucoup d'entre vous, je voudrais vous rapporter ce qui est écrit par Jean-Pierre Blanc dans son livre sur "Marsoulas en Comminges", quelques jours après le massacre de Marsoulas le 10 juin 44:
"L'école avait rouvert ses portes jusqu'aux prochaines vacances. Imaginons l'atmosphère de cette reprise des classes. ( 4 enfants de l'école avaient été fusillés par les nazis).
Il n'y avait pas à cette époque, de cellule psychologique, mais immense dut être la tache de la maîtresse d'école pour expliquer à un bambin que quatre de ses camarades, avec qui il jouait la veille, ne refouleraient pas l'herbe de la cour de récréation."
Vous allez dire "on ne peut pas comparer". Certes. Le président Macron a parlé de "guerre". La guerre a continué après le 10 juin 44. Si l'école n'avait ré-ouvert qu'en septembre, personne certainement n'aurait trouvé à redire. Les nazis, comme le COVID ont continué pendant un an leur oeuvre de mort. Ils sont restés en Comminges, en Ariège, avant de repartir et avant que la guerre ne soit déclarée officiellement terminée le 8 mai 45. Il ne faut pas oublier que cette année 44-45 a été une des plus meurtrières pour nos compatriotes. Mais les écoles restaient ouvertes... L'activité économique a repris, a continué, malgré les hommes qui manquaient, soit au STO, soit au maquis, soit morts, soit déportés, soit en camp...
Fort heureusement nous n'en sommes pas là en France. Il y a de la nourriture pour tout le monde, des soins pour tous et même si l'ennemi est insidieux, il y a eu à chaque période de l'histoire de la France des guerres, des famines, des pandémies à combattre. Et on s'en remettra.