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La Commission européenne a publié ses recommandations sur les plans stratégiques nationaux sur l'agriculture. Elle dresse un état des lieux sévère sur l'agriculture française et analyse les priorités d'action.

Les recommandations de l'Europe pour rendre l'agriculture française plus résiliente

 

La Commission européenne a publié, fin décembre, ses recommandations pour les plans stratégiques nationaux relevant de la politique agricole commune (PAC). Ces plans stratégiques, dont la version définitive est attendue pour début 2022, permettront à chaque État membre de mettre en œuvre la nouvelle PAC, à partir de 2023.

Pour faire ses recommandations, la Commission a d'abord dressé un état des lieux de l'agriculture française sur le plan économique, social mais aussi environnemental. Après ce diagnostic assez sévère, elle détaille ses recommandations.

Un diagnostic sévère

Des revenus inégalement répartis entre les différents agriculteurs et les territoires, des marchés de plus en plus soumis à la volatilité des prix, un pouvoir de négociation faible des agriculteurs au sein de la chaîne de valeur, des déficits d'investissement et une compétitivité en baisse. Tel est le diagnostic que la Commission dresse pour la partie économique.

 
La préservation de la biodiversité reste un défi dans de nombreuses zones agricoles françaises 
Commission européenne
 

 

Côté environnement, le tableau est également sévère. « La taille des filières agricoles et agroalimentaires en France, et en particulier la part élevée de l'élevage dans la production agricole, pose un certain nombre de défis environnementaux et climatiques urgents, note l'exécutif européen. L'élevage est également une source majeure d'émissions d'ammoniac, et la France risque de ne pas respecter ses engagements de réduction d'émissions pour 2020-29 et pour 2030 et au-delà ».

Par ailleurs, les changements climatiques devraient, dans les décennies à venir, fortement impacter le secteur agricole. Une adaptation est donc nécessaire pour maintenir la productivité agricole. Selon la Commission, la priorité est de lutter contre la tendance à l'imperméabilisation des sols et au rétrécissement des prairies permanentes. « Les pratiques agroforestières pourraient renforcer le rôle des pâturages et des prairies en tant que puits carbone et éventuellement renforcer la résilience du secteur agricole. De plus, les prairies sont essentielles pour les systèmes d'élevage extensif, qui ont une empreinte environnementale plus faible », analyse l'exécutif européen.

L'agriculture impacte également la qualité de l'eau, avec une pollution diffuse aux nitrates et aux pesticides. La France n'a pas atteint l'objectif de la directive-cadre sur l'eau, un bon état pour tous plans d'eau, rappelle la Commission. Sur la question des pesticides, si la France affiche des objectifs ambitieux avec les plans Ecophyto, elle peine à inverser une tendance haussière, note l'exécutif européen. Des efforts importants seront nécessaires pour promouvoir l'usage de pesticides à faible impact, analyse-t-il.

Enfin, « la préservation de la biodiversité reste un défi dans de nombreuses zones agricoles françaises. L'état de conservation des habitats agricoles (prairies) est largement évalué comme défavorable / inadéquat ou mauvais, alors que seulement 20 % des prairies présentent un bon état de conservation ». Il faut améliorer la connectivité écologique (avec les haies et d'autres éléments du paysage), protéger les plantes et les espèces animales caractéristiques des milieux d'élevage (oiseaux, flore, pollinisateurs...) et gérer les terres agricoles dans les sites Natura 2000, estime la Commission.

Accompagner l'investissement et rémunérer les bonnes pratiques

Globalement, la France doit augmenter la résilience du secteur agricole face au marché et au climat. Cela passe par la mise en place d'instruments de gestion des risques, ainsi que par des investissements pour encourager l'adaptation. Il faut particulièrement aider l'investissement dans des modèles de production durables, offrant des produits de haute qualité ou biologiques, qui augmentent la valeur ajoutée agricole, estime l'exécutif européen. Dans les zones à forte densité de bétail et à culture intensive, il est nécessaire de favoriser une transition vers des systèmes de production à haute valeur environnementale (agriculture à faibles intrants, approches agroforestières, agro-écologiques…) pour réduire les impacts et les pollutions diffuses.

Pour accompagner les agriculteurs vers des pratiques moins impactantes pour l'environnement, un soutien dans les investissements pertinents est nécessaire, mais aussi un renforcement des services de conseil, et la mise en place d'outils d'évaluation à la ferme.

Pour stopper le déclin et la dégradation des prairies permanentes, une rémunération des pratiques agricoles permettant de protéger et améliorer les puits de carbone agricoles doit être mise en place. Cette action est également favorable à la biodiversité et à la protection des paysages, note la Commission. La France doit utiliser tous les outils de la PAC (éco-schèmes, développement rural…) pour soutenir les actions de protection de la biodiversité : protection et restauration des habitats, maintien et augmentation des haies et paysages boisés...

Enfin, une gestion durable des forêts peut à la fois contribuer au développement de la bioéconomie et fournir des services écosystémiques. « Malgré la superficie importante couverte par les forêts (31,5 % du territoire total), de nombreuses forêts françaises ne sont pas activement gérées, souligne la Commission. Cela peut entraver le rôle qu'elles jouent en tant que puits de carbone, leur résilience aux conditions météorologiques extrêmes et la fourniture d'autres biens et services ».

Tag(s) : #Environnement, #Agriculture
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