"On s’en est sorti… c’est déjà ça…" : difficile de faire parler les anciens combattants de quelque guerre que ce soit. Pudeur, souvenirs douloureux, images de ceux qui ne sont pas rentrés, vivants ou morts. Pourtant ce 19 mars, comme chaque année, ils sont présents pour cet hommage rendu à ceux, justement, qui ne "s’en sont pas sortis". Parmi eux Jean-Marie Fournier, Christian Gérard-fos et Bernard Auret du canton de Salies-du-Salat. "J’étais à Blida, je m’occupais du matériel, des parachutes, etc. J’envoyais le matériel selon les ordres de mission", explique Christian Gérard-fos. "Je suis resté deux ans en Algérie. J’avais devancé l’appel en 1957. Je suis arrivé à Alger quand de Gaulle y est venu, en juin 1958 et j’ai été démobilisé en 60. Oui, au front on y allait aussi…"
"Moi," poursuit Bernard Auret, "j’y étais en 62. J’étais sur le barrage électrifié à la frontière tunisienne et après le cessez-le-feu on a fait du maintien de l’ordre." Mais avec les dernières émissions à la télévision, les souvenirs refluent : "quand ils en ont parlé à la télé à nouveau, ça m’a fait un choc. Je me suis remémoré ce jour du 19 mars, après l’annonce du cessez-le-feu la veille. Ce jour-là on était sur un piton et on nous a désarmés, ça nous a mis un peu la trouille. Car l’armée algérienne était tout autour du piton et nous, nous n’avions plus rien. Et il a fallu partir ; dans l’après-midi on est allé à Ouenza où se trouvait le PC. J’étais chauffeur de camion, on a laissé le camion et un peu d’armements et on est parti".
Jean-Marie Fournier, l’ancien maire de Castagnède, raconte : "moi j’étais un peu favorisé car j’étais dans un état-major. Mais par contre j’ai vécu la soirée des généraux, et en 1re ligne ! Quand ils ont fait le putsch d’Alger le 21 avril 1961. A minuit, le général 4 étoiles Fernand Gambiez, commandant en chef des forces armées en Algérie, est mis au courant du putsch des généraux par téléphone. Je l’ai entendu dire "moi je ne marche pas avec eux" et ensuite ça a été un sacré bazar dans le QG…". Le général sera arrêté par les généraux rebelles lors du putsch.
En 2017, le président cantonal de la Fnaca, Jean-Pierre Courvil, concluait une interview (article du 21/09/2017) par ces mots : "ils nous ont gâché toute notre vie, toute notre jeunesse. Ils auraient pu faire beaucoup mieux à l’époque : leur donner l’indépendance, ça aurait évité bien des problèmes, que ce soit pour les rapatriés, les harkis, les appelés, les populations. Ça a été un gâchis monstre."