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Salies-du-Salat. Du sel qui remonte de loin
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  • La boule d’ophite que surplombent les vestiges du château des Comtes du Comminges. DDM.ZG
    La boule d’ophite que surplombent les vestiges du château des Comtes du Comminges. DDM.ZG
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l'essentielSi l’histoire explique que les sources d’eau salée de Salies ont été exploitées dès le 2e millénaire avant notre ère, c’est à la géologie que l’on doit l’explication de la provenance du sel.

Lorsqu’on arrive à Salies et qu’on longe la rivière Salat, ce qui saute aux yeux et interroge c’est "la boule", une colline arrondie qui surplombe la ville, et sur laquelle demeurent les ruines d’un donjon du XIIIe siècle et d’une chapelle du XIVe siècle. Tout autour, le paysage s’étend en pente douce, un relief typique des Petites Pyrénées. Mais pourquoi cette boule ?

Elle est en fait le secret de la provenance du sel et de l’eau thermale. Christiane Miramont et Jacques Delouvrier, deux géologues retraités passionnés par notre région, vous expliquent comment l’eau thermale de Salies est en fait de l’eau de pluie qui s’infiltre à travers cette boule et "lèche" un massif de sel situé à de 200 m de profondeur.

"Il s’agit d’une boule d’ophite, très dure, avec du gypse en dessous et du sel contigu. Ces roches remplissent une énorme "cassure". Au départ, ces terrains se trouvaient à 5 000 mètres de profondeur, et ils ont "giclé" jusqu’à la surface à travers cette cassure au moment de la formation de Pyrénées, de la même façon que le dentifrice sort de son tube lorsqu’on le presse !"

Le sel et le gypse sont en effet ce que l’on appelle des "couche-savon", ils deviennent fluides sous l’effet des pressions et température titanesques générées par le soulèvement des Pyrénées, et ils sont ainsi remontés à la surface en entraînant la boule.

"L’eau de pluie qui s’infiltre dans les fissures de la boule descend par gravité jusqu’au sel et le dissout. On obtient ainsi une nappe d’eau salée, l’eau thermale. Celle-ci continue son chemin, toujours par gravité et se déverse dans le Salat. Elle alimente sur son passage quelques sources, dont la Fontaine Salée, visible au pied de la boule."

En 1878, c’est la Compagnie Nouvelle des eaux, qui a pour la première fois commercialisé la fontaine salée. La Compagnie des Salins du midi exploitera, elle, le sel de façon industrielle à partir de 1886. En 1885, un second établissement thermal se construit, "Les Bains Salins" sur la D69 entre Salies et Montsaunes. Au début du XXe siècle, le bâtiment s’avérant trop exigu, un nouvel établissement thermal, l’actuel, a été construit et inauguré en 1925.

Une histoire passionnante, où géologie, géographie, histoire, thermalisme, industrie, et même architecture s’entremêlent, à retrouver sur le document "Les Petites Pyrénées et la vallée du Salat, un concentré de patrimoine", à l’OT Cagire Garonne Salat, écrit par Jacques Delouvrier et Christiane Miramont. Document à consulter dans les offices de tourisme de la CC Cagire Garonne Salat ou à télécharger directement à l'office de tourisme. Pas à la vente.

Z.G

 

Salies-du-Salat. Du sel qui remonte de loin

Le schéma ci-dessus aide à comprendre. On voit très bien la boule de roche dure marquant le paysage avec l’église et le donjon, le gypse en dessous, et le sel à gauche. On voit aussi que ces roches remplissent une « cassure » très large dans le sous-sol. Elle commence sous le mot Salies à gauche et finit au mot « Chevauchement » à droite. Au départ, ces terrains se trouvaient à 5000 mètres de profondeur, et ils ont « giclé » jusqu’à la surface, de la même façon que le dentifrice sort de son tube lorsqu’on le presse !


Le sel et le gypse sont en effet ce que l’on appelle des « couche-savon », ils deviennent fluides sous l’effet de la pression et de la température générées par le soulèvement des Pyrénées, et ils sont remontés en surface en entrainant sur leur passage d’autres roches, en particulier l’ophite.
Maintenant tout devient simple, l’eau de pluie s’infiltre dans les fissures du massif d’ophite (les traits entrecroisés). Elle descend par gravité jusqu’au sel et le dissout. On obtient ainsi une nappe d’eau salée (l’eau thermale, le trait pratiquement horizontal). Celle-ci continue son chemin et se mélange avec l’eau du Salat, toujours par gravité. Cette nappe alimente sur son passage quelques sources, dont la Fontaine Salée, visible au pied de l’ophite.


A noter que cette Fontaine Salée a été exploitée depuis la préhistoire pour son sel, et qu’elle a aussi alimenté des « Bains Salins » à l’époque romaine (La ville romaine s’appelait d’ailleurs « Salinéa »). Cette source était située dans la cour de la crèche de Salies, sur la D69, à la sortie de Salies en direction de Montsaunes. Le bâtiment actuel de la crèche est en fait un ancien établissement thermal de style mauresque (Les Bains Salins), rénové à l’identique pour devenir la crèche.


Problème, la Fontaine Salée se tarie, plus d’eau thermale ! Elle est remplacée par un forage. Il a rencontré en 1886 le sel et l’eau thermale à 200 mètres de profondeur sous la ville. Plusieurs forages ont suivi, pour alimenter une usine de fabrication de sel de table et de sel industriel. Le nouvel établissement thermal, de style égyptien a été inauguré en 1925, il utilise toujours de l’eau thermale en provenance d’un forage, et dispose d’un SPA.

 

Jacques Delouvrier

Tag(s) : #Salies du Salat, #Géologie, #Comminges, #Thermalisme, #Haute-Garonne
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