Un moulin à eau du XII ème siècle, préservé grâce à la passion et au travail de Didier et Claudine Gontier, ouvert à la visite lors de la journée internationale des zones humides.
Le brouillard de ce dimanche matinal n’a nullement rebuté les amoureux des moulins, ni les défenseurs de la nature et des zones humides. « Les visiteurs se sont échelonnés toute la journée », explique Claudine Gontier propriétaire du moulin de Montespan, pendant que son mari Didier, chaussé de bottes, motive les personnes présentes pour une randonnée bucolique, avec au passage une collecte des déchets abandonnés par des promeneurs insouciants.
Un moulin à eau qui ne correspond pas au standard auquel on est habitué, puisque celui-ci comporte des roues horizontales à cuillères, et non verticales: « les moulins à eau à roues horizontales se rencontrent principalement au sud d’une ligne qui va de Genève à Bordeaux. Une technologie utilisée par les Grecs, puis les Romains, au II ème siècle avant notre ère. » En ce qui concerne le moulin de Montespan, il n’est pas aussi vieux mais tout de même! « Un jour un ami est venu et m’a proposé de dater le moulin», explique Claudine. « Il a prélevé trois morceaux de bois à différents endroits du sommier des meules et l’a fait analyser à Bordeaux au Laboratoire spécialisé en archéologie et œuvres d’art. Il est daté de 1140.» Autant dire qu’il a dû fournir du pain aux habitants dès cette époque et peut-être aux Templiers de la Commanderie de Montsaunes ou aux locataires du château du village.
Aujourd’hui, le moulin ne fonctionne plus, même si les époux Gontier ont rénové, nettoyé une grande partie des abords: « il a fonctionné jusque dans les années 70, grâce aux eaux du Ger captée à Pointis Inard par une digue aujourd’hui disparue. Cela fait 22 ans que nous habitons ici, mon mari s’est mis en chantier pour défricher le canal d’amenée qui fait 2 kms de long. Il a mis 4 ans pour le nettoyer et aujourd’hui on peut s’y promener.» A l’intérieur du bâtiment on peut observer les trois meules, et à l’extérieur les roues horizontales et les vestiges d’une scierie qui avait été construite en 1872 et a fonctionné jusqu’en 2000, grâce à l’énergie d’un tracteur.
Pour Claudine et Didier, le mystère des vieilles pierres, le charme du canal d’amenée maçonné, la source nettoyée et qui coule à nouveau sont autant de témoins du travail des hommes à travers les siècles, et c’est cette harmonie avec le passé et la nature qu’ils souhaitent préserver.
La journée a été organisée avec Nature en Occitanie, qui ont procuré les panneaux pédagogiques, et le photographe Lilian Sineux ; le moulin est privé et ne se visite que lors de journées exceptionnelles.