"Les flammes dépassaient les 12 mètres" : Un pompier de Salies-du-Salat raconte sa mobilisation sur les feux dévastateurs de l’Aude

Chacun d’entre nous a suivi sur les écrans ou les réseaux sociaux les dramatiques avancées des feux audois du 3 au 10 juillet dernier. Avec forcément des pensées pour les soldats du feu en première ligne face aux flammes démesurées qu’ils devaient affronter. Parmi eux, les pompiers du SDIS 31 avaient mobilisé plusieurs casernes. Le capitaine du centre de Salies-du-Salat Cédric Sorribas faisait partie de ceux qui se sont joints aux 1 050 pompiers sur le terrain, avec un renfort de quelques pompiers roumains, appuyés par 270 engins et par des moyens aériens dont deux hélicoptères bombardiers d’eau. Plus de 20 gendarmes ont également été mobilisés. Cédric Sorribas raconte.

Comment s’est déroulée votre mobilisation ?

Nous sommes partis du lundi 30 juin au jeudi 10 juillet. Nous étions trois pompiers volontaires, la première fois, sur l’incendie de Bizanet. Nous sommes restés deux jours sur Bizanet et le mercredi et jeudi nous avons été appelés dans le Lot sur Sauliac-sur-Célé ou 105 pompiers ont été mobilisés. Je suis ensuite reparti seul, samedi 5 à 14 heures jusqu’au 10 juillet en fin de soirée sur le gros feu de Narbonne. On est parti avec huit camions de la Haute-Garonne dont Saint-Gaudens, Saint-Béat, Montréjeau et beaucoup de casernes du Nord de Toulouse.

Vous arrivez à vous reposer ?

On se repose quand on peut. Le samedi dès notre arrivée on a dû se positionner sur les feux en cours. De samedi à dimanche on a eu une coupure de 3h à 6h du matin ou on a pu dormir dans le camion. Ensuite le dimanche après-midi, c’est là ou a démarré le gros feu sur Narbonne et on est reparti. Les grosses chaleurs, la végétation très sèche et un peu de vent suffisent pour que ça prenne des proportions énormes.

Pour parvenir à "fixer" le feu, c’est tout un tas de conditions qui doivent être réunies ?

Déjà il y a les unités sur le terrain, les moyens aériens, hélicos, Canadairs, Dash qui envoient du retardant ; ensuite c’est un travail où chacun intervient directement sur le terrain. À la moindre fumerolle on est obligé d’y passer et de la traiter sans quoi ça repart. Là on avait des caméras thermiques ; les drones nous aiguillaient sur chaque point chaud. Et il faut y aller avec des gilets adaptés, des battes à feu : un travail minutieux que l’on est obligé de faire sans quoi au moindre coup de vent ça repart. Certains sont partis dans le Gard aujourd’hui. Il n’y a pas que les feux sur la côte. Ici il n’y a pas trop de risques, mais au-dessus de Cazères, sur le Muretain, le Lauraguais, les terrains sont très secs et il y a des risques de départs de feux.

Et la peur, vous y êtes confrontés en permanence ?

C’est impressionnant car on n’est pas habitué à ce genre de feu. Quand ça prend les pins et autres, les flammes dépassent les 10, 12 mètres de haut. Il faut toujours avoir peur, sans quoi on ne reviendrait pas vivant ! Mais on a du matériel, on a des personnes qui nous commandent, qui nous gèrent et on ne se retrouve jamais isolés.

Le SDIS recrute toujours des pompiers volontaires ?

Oui. Certes, en restant sur Salies il y a le risque courant des interventions, car on a effectué à aujourd’hui, à mi-année, déjà 400 interventions (près de 700 en 2024), mais le fait de partir hors département c’est encore d’autres expériences et cela peut motiver des jeunes pour intégrer le corps des pompiers.