Si j'écris c'est pour Mireille, pour sa soeur, pour Gunther, Gudrum, Klaus Dieter, pour les amis de Philipsthal, pour les amis du Tarot, du Golf, du Basket..., pour les amis de Salies, de Cassagne, de Mazères, de Saint-Gaudens...., ceux du marché du lundi, ceux que je ne connais pas en Hollande, en Allemagne ou aux quatre coins de la France.
Jacques Hennebois a laché le stylo de ses journaux, le volant de ses voyages, le clavier de son ordi, le déclencheur de son appareil photo.
Qui corrigera mes accords du participe passé du verbe avoir? lui l'instit, le directeur d'école, le correspondant de presse, la mémoire vivante de ce village et de ce canton.
Il va falloir raconter les conneries sans lui. Comme souvent ça se passe, avec le temps, on finit par rire du beau temps passé. Voyages en Allemagne à Berlin, à Philipsthal.
On se souviendra de ses larmes quand au hasard des discours il évoquait ses amis trop tôt disparus, Bébert, Dédé... ou cette guerre qui avait séparé les voisins allemands des français.
On va rester tout seul quand personne viendra nous demander, me demander: "comment tu vas? et Jean-Pierre, et Guy et Anne-Marie, et.. et..?" car Jacques parlait rarement de lui. C'était l'homme des autres, l'homme des amis. Quand on fait le métier qu'il faisait, forcément c'est la vie des autres qu'on écoute, pas la sienne. C'était un humaniste, un pacifiste...
Et le voyage en septembre à Philipsthal....?
Ce jumelage qui lui tenait tant à coeur.... 42 ans... la chute du Mur de Berlin qu'il visionnait en direct à la télé, en pleurant, le 9 novembre 89 ... les 25 ans de la réunification de l'Allemagne en 2014, où au bout des grèves berlinoises nous avions rejoint, après une après-midi de bus à travers l'Allemagne, louvoyant le long de l'ancienne frontière Est Ouest, la ville de Philipsthal...
Les attentats de Charlie - lui qui écrivait pour les journaux - qu'il avait condamné encore plus que les autres habitants:
"Que diriez-vous aux jeunes aujourd'hui?" lui avais-je posé comme question.
"... Il faut qu'ils soient tolérants et réfléchis. Il faut qu’ils fassent très attention, ne pas écouter les beaux parleurs qui leur promettent un avenir meilleur dans des combats de dupes. Il faut qu'ils se mobilisent sereinement pour lutter contre certains prosélytismes religieux et rester très vigilants."
(extrait de l'interview que je lui avais fait en janvier 2015)
La belle place Jules Ferry ou il habitait va me sembler bien vide. Il y avait toujours au hasard des rencontres, toujours une chance de tomber sur Jacques, toujours de bonne humeur, toujours une petite histoire à raconter.
Quoique on en dise, quoiqu'on dise... corrige moi Jacques.