Ils ont émergé de la rue de la mairie presque sans qu’on s’en aperçoive. Une dizaine de personnages, des jeunes, des adultes portant trompette, trombone à coulisse, et tuba et un piano à queue, s’avancent, timidement, dans la rue qui jouxte le marché de plein vent du lundi. On ne peut pas dire que le groupe passe inaperçu, mais la présence, inattendue, de cet équipage ne semble pas perturber l’habituel rendez-vous. "Ah, je ne sais pas d’où ils sont sortis, mais c’est agréable", s’exclame joyeusement une dame, déjà fan de leur musique cuivrée. Une autre dame, du haut de sa fenêtre, se réjouit de cette animation fortuite. "C’est la première fois depuis 3 ans qu’on m’offre de la musique gratuitement."
"Moi, je les ai vus arriver de la direction de Mazères, mais après, je ne sais pas, on dirait qu’ils ne sont pas d’ici et qu’ils ne sont pas sûrs de leur itinéraire", confie un cycliste qui les suit à leur rythme et avec lesquels il a essayé d’engager la conversation. "Ils sont étrangers, ils ne parlent pas le français, on dirait des gens qui viennent de l’Est, des Hongrois où quelque chose comme ça."
D’après d’autres témoignages des gens, sur le marché, ce serait une troupe de 11 comédiens et musiciens, habitués à saisir les opportunités de jouer lors des festivals d’été qui aurait pris la route depuis le 12 mai dernier (date du confinement) pour une traversée d’est en ouest des villes et villages qu’ils rencontrent et qu’ils mettent en joie à chaque fois. En soirée, après un dernier moment musical, le piano à queue a ouvert la route, véritable vaisseau de pointe, portant instruments de musique, guitare, encore des cuivres. Et tirant sur les cordages, ils ont repris la route, sans doute en direction de des villages alentour afin de poursuivre leur errance lointaine vers l’océan. Peut-être les reverra-t-on dans les jours qui viennent.
JAL