Le bois du Bernet appartenant aux trois Communes de Figarol, Montsaunès et Mazères est géré par l’Office National des Forêts qui met en place une gestion forestière multifonctionnelle recouvrant 4 thématiques principales,
La protection du milieu, le sol par exemple avec du débardage en traction animale à Montsaunès et Mazères.
La biodiversité avec une orientation de sylviculture « proche de la nature » privilégiant une forêt mélangée par pied d’arbre, le maintien d’arbres morts sur pied…
Le caractère social avec la reprise des affouages « bord de route » dans les trois communes.
L’exploitation forestière avec des ventes de bois d’œuvre de chêne, de hêtre « bord de route ».
Le plan d’aménagement forestier
La gestion forestière au jour le jour est assuré par un Agent Forestier assermenté en relation avec les conseils municipaux. Cette gestion s’appuie sur un document de travail nommé « aménagement forestier » sur lequel est référencé pour une période de 15 / 20 ans et pour chaque massif, les grandes orientations de sylviculture , l’échéancier des coupes de bois , les travaux forestiers. Chaque conseil municipal décide des orientations , coupes , travaux etc…
Une sylviculture« proche de la nature »
Ce modèle de sylviculture s’applique sur Mazères depuis 2014 et Montsaunès depuis 2016. Il s’agit d’un modèle qui reproduit au mieux la dynamique d’une forêt laissée à sa propre évolution naturelle avec toutefois une ambition raisonnée de récolte de bois.
Livrée à elle-même une forêt nait, grandit pour arriver à un degré de maturité et d’équilibre…Cette courbe de maturité qui peut s’étaler sur 300 à 400 ans peut alors s’infléchir progressivement par la mort naturelle d’arbres isolés qui créent des trouées (arbre malade, foudre…) des vides avec des groupes d’arbres déracinés suite à des coups de vent par exemple ou aussi sur des surface de plusieurs dizaines ou centaines d’hectares et la disparition de forêt entière ( tempête de 1999 par exemple ou d’incendie par exemples) .
Le massif de Figarol (60 ha) est géré « en futaie régulière » qui est une gestion beaucoup plus dirigée . Toute la forêt tend à une certaine homogénéisation des arbres en « classes de diamètre » avec des peuplements le plus souvent monospécifiques.
Le renouvellement de la forêt se réalise sur des surfaces de quelques hectares à plusieurs dizaines d’hectares par les coupes progressives de régénération qui dénudent le sol pendant plusieurs années.
L’exploitation forestière, le modèle en cours.
Actuellement les coupes de bois sur les trois communes sont gérées directement par l’ONF. Les bois sont martelés par les agents de l’ONF et sont exploités par les bûcherons, les débusqueurs et les débardeurs qui sont rémunérés par les communes.
Les coûts du débusquage par les chevaux sont subventionnés à 50 % par le Conseil départemental de la Haute–Garonne.
Une fois abattus les bois sont classés par l’Agent Forestier puis débusqués et débardés en lots de petit bois , bois moyen ou gros bois et par essences.
Le bois de feu est destiné aux affouagistes et est débardé en lots de 8 à 12 stères. Les lots sont tirés au sort et vendu aux affouagistes entre 26 et 32 € le stères suivant le pourcentage bois dur / bois blanc.
Le sujet de l’archéologie forestière
Les anciennes voies
Sur le Bois du Bernet la consultation des archives et notamment des plans des Eaux et Forêts de 1668 , 1775 puis ceux de la fins du XIXième siècle permettent de recenser la trame des anciennes voies qui traversaient le massif pour faire les jonctions entre les plaines allant de Montsaunès à Montespan. L’on retrouve ainsi sur le terrain des parties de ces emprises soit avec des situation de « voies en creux » ( massif de Montsaunès) soit avec de larges emprises bordées de fossés et de talus ( massif de Figarol ).
Le chêne rouvre
Il existe une autre archéologie que l’on pourrait qualifiée de « végétale » plus subtile avec la répartition des essences sur le massif et en particulière celle du chêne rouvre qui est une essence à croissance lente et qui est donc dominé par des essences à croissance rapide.
Sur le Bois du Bernet ce chêne se retrouve (entre autre) au lieu dit « le fond dubois » qui est à l’opposé de l’entrée principale du massif de Figarol . L’on peut ainsi penser que cet éloignement a protégé son maintien des surexploitations historiques.
La décharge sauvage comme archéologie sociale:
Cette décharge « en forêt » date des années 70 et marque l’arrivée de la société de consommation et combien la forêt a de moins en moins compté pour notre société en voie d’urbanisation rapide… alors que pourtant commençait aussi à s’éveiller une conscience écologique (« Almanach d’un Comté des Sables » Aldo Léopold, 1949 et « Le printemps silencieux » Rachel Carlson , 1964).
Les archives forestières
C’est un thème qui est peu abordé pourtant il paraît essentiel de « connaître ce qui s’est passé avant »« pour mieux comprendre ce que l’on a devant nous ». Bien sûr il existe aussi « la lecture de la forêt et l’agencement de ses peuplements » ce qui permet de confronter les écrits historiques et le réel… Ici les premières archives purement forestières remontent à 1668 et la Réformation Froidour avec une description de la forêt puis ces archives se sont régulièrement renouvelées tout au long des siècles et d’une façon plus présente et parlante à partir de 1810. Ces documents sont consultables aux archives départementales à Toulouse.
Quel avenir pour la forêt du Bois de Bernet ?
Une dynamique de maturité en cours.
En parcourant le Bois l’on voit apparaître du hêtre et du charme en sous-bois mais aussi du fragon et du houx. La progression de cette végétation est le signe d’une « maturité forestière » qui se met en place…
L’intronisation du débusquage des bois avec des chevaux de traits est une véritable révolution d’une pensée politique : ainsi la forêt est à la fois plus vue sous l’angle et de la protection et de l’exploitation que d’une seule ressource pure à exploiter…
La gestion forestière de long terme mise en place progressivement avec le régime de la futaie et d’une production de bois d’œuvre de gros bois est également un facteur de stabilité et de continuité pérenne du milieu forestier.
Les dangers:
Pour pouvoir conforter cette dynamique en cours il est important de ne pas mésestimer trois dangers potentiels :
1/ la très grande fragilité des sols du bois de Bernet qui demande une attention particulière aux moments des débardages;
2/ la progression inquiétante du chêne rouge d’Amérique qui de par sa simple force de colonisation risque de continuer à gagner du terrain au détriment de la chênaie locale;
3/ quel va être l’impact du réchauffement climatique sur le chêne pédonculé qui est l’essence dominante au Bois de Bernet.
Une vie forestière non humaine:
L’avenir de cette forêt passe par de l’attention portée à une sylviculture naturelle avec une diminution progressive des prélèvements à l’hectare qui permet une meilleure stabilité des peuplements et une meilleure préservation de la couverture forestière . Une attention importante à garder du bois mort sur pied et au sol pour consolider la biodiversité est aussi à privilégier.
Ainsi tous ces éléments additionnés laisse filtrer une puissance de la vie forestière à profiter d’une liberté retrouvée pour pouvoir s’exprimer pleinement. Cette puissance ne peut pas se décrire. Elle est simplement « une impression » comme une « révélation » que l’on sent en parcourant au jour le jour le sous-bois…et cela, de fait, est assez enivrant…