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Porté par les élus métropolitains et municipaux, l'Agriparc des Bouisses sera le poumon vert de Montpellier et fera tampon à l'étalement urbain, malgré la pression foncière. Citoyens et urbanistes sont mobilisés.

Montpellier Métropole planche sur un projet inédit d'aménagement de parc agricole urbain

 

Comme d'autres métropoles, l'agglomération de Montpellier est victime de son attractivité. « Montpellier a grandi très vite ces dernières années : il y a eu beaucoup trop d'artificialisation des sols, une expansion à l'infini, une urbanisation trop importante. La ceinture verte a pratiquement disparu », constate Coralie Mantion, vice-présidente (EELV) chargée de l'aménagement durable de la métropole de Montpellier. Comment continuer à lotir, sans trop artificialiser ? Entre pression démographique et aspiration à des villes respirables, les élus sont à la recherche de nouvelles formes d'aménagement, capables d'intégrer des enjeux multiples, climatiques, fonciers, alimentaires et sanitaires.

Sanctuariser 100 hectares

Les précédentes orientations urbanistiques autorisaient la construction de plusieurs milliers de logements sur le secteur des Bouisses, un véritable danger pour ce poumon vert du territoire, à rebours de la nécessaire transition écologique. À son arrivée, la municipalité a confirmé la sanctuarisation de 100 hectares de ce site riche en biodiversité, en rupture avec la logique de grignotage des espaces verts et d'étalement urbain qui prévalait jusqu'alors.

Situé à l'ouest de l'agglomération, l'Agriparc se projette sur une surface de 100 hectares, actuellement en friche et en zone agricole. « Ce site était voué à l'urbanisation pendant la mandature précédente, souligne Coralie Mantion, qui porte le projet. Pour nous, c'était important de le préserver, de le sanctuariser. Une grande partie est constituée de friches agricoles. En raison du projet d'urbanisation, les terrains ont été laissés à l'abandon, et les propriétaires ne faisaient plus signer de bail aux agriculteurs car ce sont des baux de longue durée. L'idée est de relancer l'agriculture qu'il y avait ici à l'époque. Mais il s'agit aussi d'un parc, parce qu'on veut constituer des binômes entre agriculture et espaces de loisirs, de balades pour les Montpelliérains. On se rend compte que, pour sanctuariser ces sites-là, il faut les valoriser. »

La nouvelle équipe municipale entend porter une vision globale du site, qui n'exclut pas de construire des logements, mais sur 40 hectares seulement. « Montpellier reste une ville d'accueil, donc l'idée demeure de construire de nouveaux logements pour accueillir cette nouvelle population, liée à des naissances ou des installations. »

Il faudra aussi que la population puisse y accéder à ce nouvel aménagement, d'où le projet de construction de la ligne 5 du tramway, qui sera mise en service fin 2025, et d'une ligne de bus à haut niveau de service. L'enjeu est aussi de désengorger la partie ouest de la ville, soumise à un important trafic de transit. La nouvelle ligne de tramway est conçue comme une « ligne verte », permettant de relier les parcs et les bois de la ville.

Des pistes cyclables seront également aménagées pour faciliter l'accès au site et en faire une destination de balades à vélo. L'Agriparc des Bouisses s'inscrira lui-même dans la « ceinture verte » des grands parcs et des grands espaces verts de Montpellier. Le projet fait partie d'un vaste plan de végétalisation participative et de création de forêts urbaines en vue d'atteindre l'objectif de plantation de 50 000 arbres. Ces forêts urbaines seront développées dans cinq sites répartis sur le territoire de la ville, dont les Bouisses.

Une démarche paysagère et participative novatrice

 

 
Nous partons d'une feuille blanche parce que nous voulons que les citoyens, les associations déjà sur le site nous disent ce qu'ils souhaitent y voir 
Coralie Mantion, vice-présidente de Montpellier Métropole
 
L'Agriparc des Bouisses représente un projet complexe par ses multiples volets de programmation (agriculture, biodiversité, loisirs, aménagement, desserte, habitat…), rendant difficilement concevable une concertation classique, souligne la métropole. Pour accompagner ce projet ambitieux, trois groupements pluridisciplinaires ont été retenus, formés de paysagistes, urbanistes, architectes, écologues, experts en gestion des sols, en biodiversité et en agriculture urbaine, parmi lesquels l'agence de paysage Follea Gautier et l'atelier Philippe Madec.

 

Ces trois attelages auront pour mission de concevoir, en lien avec des ateliers participatifs mobilisant la population, de nouvelles constructions de logements qui traduiront la ville résiliente de l'après-Covid-19. Ce seront de nouvelles formes d'habitat, innovantes par leurs typologies, leurs matériaux et leurs conceptions qui seront réalisées en lien avec l'espace naturel et agricole du parc. Cette démarche repose sur une mixité sociale, intergénérationnelle et une urbanisation maîtrisée.

 

La métropole souligne l'importance du processus participatif, ouvert de novembre 2021 à février 2022. Cette priorité accordée au dialogue avec les habitants se veut au cœur du projet : non seulement, ils seront amenés à formuler leurs idées, mais ces idées feront partie de la commande imposée aux paysagistes, urbanistes et spécialistes d'agriculture urbaine chargés de formaliser le projet.

Un cahier des charges participatif

« À la différence d'un concours classique où vous donnez un cahier des charges très précis avec un programme et, à la fin, vous choisissez le projet qui vous paraît le plus pertinent, nous partons vraiment d'une feuille blanche, parce que nous voulons que les citoyens, les associations qui sont déjà sur le site nous disent ce qu'ils souhaitent y voir. Les agriculteurs peuvent y participer aussi. Nous menons un dialogue continu avec les propriétaires fonciers pour redynamiser l'économie locale », explique Coralie Mantion.

L'ensemble sera intégré au PLUi (plan local d'urbanisme intercommunal) en cours d'élaboration, avec un zonage des secteurs naturels et agricoles assurant leur protection dans le périmètre d'études. Adopté en 2023, il sera en cohérence avec le projet tel qu'il émergera des concertations entre habitants, équipes et élus.

« La question posée relève d'une approche globale et paysagère », résume la vice-présidente. Ce qui nous inspire, c'est la préservation des terres agricoles. Ce sera le jardin des Montpelliérains qui n'en ont pas, ce sera un îlot de fraîcheur pour atténuer les chocs climatiques. C'est aussi l'idée de ne pas travailler en silo : la ville habitée, mais aussi la ville nourricière. »

Tag(s) : #Environnement, #Aménagement
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