Les irréductibles et les opiniâtres sympathisants de la commune de Marsoulas et de ses manifestations ne sont pas prêts d’oublier la séance de cinéma «en plein air» de jeudi dernier. Comme si la météo avait décidé de jouer à l’unisson avec les bombardements du film «Le vieux fusil», les coups de tonnerre, éclairs, bourrasques de vent ont été de la partie.
Et pourtant la soirée avait bien commencée. 97 personnes s’étaient déplacées venues d’un peu partout, de l’Ariège, Toulouse, Saint-Gaudens, Lalouret, Aurignac... pour suivre attentivement les explications de l’histoire du massacre du 10 juin 44. Les conférenciers étaient des historiens tels Erika Leroy, Gaëtan Blosse du Musée Départemental de la Résistance et de la Déportation et bien sûr Jean-Pierre Blanc, impliqué personnellement et familialement dans les évènements de cette tragique journée. Visite du village avec arrêts aux points cruciaux comme les maisons où furent abattus des habitants, la fresque de la paix, la fosse commune, le monument aux Martyrs et l’église. L’église fût d’un grand secours, lorsque vers 20 heures les éléments climatiques se sont déchainés et que la centaine de visiteurs dût s’abriter. Quelques deux cent mètres pour rejoindre la salle des fêtes et le chapiteau qui abritait le repas; sous une pluie diluvienne, un orage tonitruant, des éclairs intempestifs, pas question de retourner à pied. Antoine Grande, directeur du Musée, décide d’une opération sauvetage en voitures et tout le monde a pu regagner, à peu près sec, le centre du village.
Repas chaleureux comme il est de mise dans cette commune qui a su surmonter les conséquences humaines du massacre du 10 juin. Chaleureux mais éprouvant pour le comité des fêtes - inébranlable - qui a continué la préparation du repas malgré la tempête qui faisait rage, les bourrasques de vent soulevant la toile du chapiteau et la pluie qui essayait de se trouver un chemin vers les tables. Des personnalités avaient fait le déplacement tel le résistant Jean Baqué ou le président des Chemins de la Liberté Jacques Simon. Pour Jean Baqué, dont la devise «Impossible jamais!» est sa ligne de conduite, rien de tout cela ne l’a perturbé.
Le cinéma «en plein air» se transforma en cinéma en salle devant un auditoire attentif. Le directeur du Musée ne cacha pas sa joie de voir autant de monde: «à Toulouse nous ne réunissons pas autant de personnes à nos séances», déclara t’il. «Merci à vous tous qui vous êtes déplacés, malgré les intempéries annoncées.» Quant au film, ceux qui l’avaient déjà vu savaient que cela ne serait pas une partie de plaisir, et les autres ont vécu avec émotion cette partie sombre de la guerre dont ont été victimes beaucoup d’habitants innocents comme à Oradour sur Glane où à Marsoulas.