Lors de leur COP 14 en Ouzbékistan, les pays signataires de la Convention de Bonn se sont engagés à améliorer l'état de toutes les espèces migratrices d'ici à 2032. Un objectif encouragé par de nouvelles initiatives internationales visant à les protéger.
La première Conférence des parties (ou COP) d'un traité international à s'être tenue en Asie centrale s'est conclue le samedi 17 février. Il s'agissait de la 14e réunion, à Samarcande en Ouzbékistan, des pays signataires de la Convention de Bonn pour la protection et la conservation des espèces animales migratrices (CMS). Celle-ci s'est achevée par l'adoption d'un nouveau plan d'action stratégique (1) dressant une liste de priorités jusqu'en 2032 et la signature d'une centaine de résolutions.
Une ambition illusoire ?
« D'ici à 2032, l'état de conservation de toutes les espèces migratrices inscrites aux annexes de la CMS s'est amélioré (et) tous (leurs) habitats importants sont protégés, efficacement conservés, gérés et restaurés » : voici les deux principaux objectifs que se sont fixés les États membres de la CMS, dont la France. Une ambition étonnante compte tenu du bilan peu élogieux du précédent plan d'action stratégique et de l'état des populations migratrices, publié à l'ouverture de cette COP 14. Plusieurs décisions ont néanmoins été prises pour tenter d'y parvenir.
« Après près de deux décennies de négociations sans fin, un accord a été trouvé pour lancer une initiative spéciale pour protéger la voie de migration des oiseaux d'Asie centrale, couvrant trente pays (dont la Chine, les Émirats arabes unis ou encore la Russie), se félicite Amy Fraenkel, la secrétaire exécutive de la CMS aux Nations unies. Cette initiative prévoit l'installation d'une unité de coordination en Inde, avec le soutien financier du gouvernement indien. » Proposée initialement en 2005, elle devient la quatrième initiative sous la houlette de la CMS (avec celles sur les carnivores d'Afrique, les mammifères d'Asie centrale et la mégafaune sahélo-subsaharienne). Une cinquième, consacrée uniquement au jaguar (Panthera onca), a aussi été lancée.
De plus, une nouvelle alliance de grande ampleur a également été conclue : le Partenariat mondial sur la connectivité écologique (GPEC). Ce dernier « doit participer à assurer, à améliorer et à restaurer la connectivité écologique dans les zones prioritaires pour les espèces migratrices ». Il mobilise neuf institutions internationales et ONG, telles que l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ou le Fonds mondial pour la nature (WWF), et est soutenu par quatre gouvernements, dont celui de la France.
Contre l'exploitation minière des fonds marins
Plusieurs espèces vont, par ailleurs, bénéficier de nouveaux plans d'action ou d'actions concertées (mobilisant plusieurs pays), comme le chimpanzé (Pan troglodytes), le requin bleu (Prionace glauca) ou encore le faucon sacre (Falco cherrug). En parallèle, quatorze espèces ont été ajoutées à la liste d'une des deux annexes du traité (comptant, au total, plus de 1 000 espèces), notamment le lynx boréal (Lynx lynx), le marsouin commun (Phocoena phocoena) et le gypaète barbu (Gypaetus barbatus merdionalis). Certaines obligeront les pays signataires à les protéger à l'échelle nationale (espèces en Annexe I) tandis que les autres pourront ainsi être sujettes à des plans internationaux (Annexe II).
Enfin, cette COP 14 a été l'occasion pour le secrétariat du CMS de délivrer plusieurs rappels à l'ordre. Une résolution, par exemple, « prie instamment » les signataires de la convention « de ne pas s'engager dans l'activité d'exploitation minière des grands fonds marins ni de la soutenir jusqu'à ce que des informations scientifiques suffisantes et fiables aient été obtenues pour que (cette activité) n'ait pas d'effets néfastes sur les espèces migratrices, leurs proies et leurs écosystèmes ». Un discours partagé par une autre résolution, adoptée le 7 février par le Parlement européen, engageant la Norvège à revenir sur sa récente décision en la matière.
De la même manière, d'autres résolutions adoptées à Samarcande portent sur les luttes contre la chasse d'espèces migratrices pour la viande de brousse ou le commerce illégal, contre les pollutions plastique et lumineuse ou encore pour la prise en compte des impacts du réchauffement climatique et du développement des énergies renouvelables sur ces espèces. Aucune date et aucun lieu n'ont encore été décidés pour la prochaine COP 15 de la CMS, attendue en 2027.
Félix Gouty, journaliste
Rédacteur spécialisé
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