Ce dimanche était un peu nuageux, alors pourquoi ne pas se rendre au concert de Djecko, dans la petite chapelle Sainte-Matrone sur les hauteurs de Mazères-sur-Salat? A travers bois ou par la voie verte pour les plus courageux venus de Salies, où en voiture ou auto-stop pour les autres, ils étaient une cinquantaine de personnes à y participer.
Le groupe vocal polyphonique commingeois Djecko, a donné une interprétation envoutante des chants traditionnels basques, américains, sud-africains ainsi que des chants liturgiques, magnifiée par l’acoustique de cette chapelle aux murs épurés datant du XII ème siècle. De quoi féliciter la petite association de Restauration de la Chapelle représentée par Simone et Albert Duran qui continue à faine vivre ce patrimoine en proposant des animations, et ce, envers et contre tous les tracas administratifs qui peuvent surgir.
Car des tracas il y en a! Rappelons que la chapelle est restée en ruine jusque dans les années 1952-53, date à laquelle l’abbé Gaston Lafont, prêtre de la paroisse, fait réaliser les travaux de toiture du chœur. Il faut attendre 1971 pour qu’une poignée de Mazérien (nes), soutenue par la municipalité, constitue une association de restauration de la chapelle Sainte-Matrone, afin de faire classer cette dernière aux Monuments Historiques en 1975. En 1993-94 commenceront les grands travaux. Mais depuis les années 50, la chapelle, laissée à l’abandon a été vandalisée, les arbres et arbustes ont continué à pousser, le lierre a envahi les murs.
Gros travaux
Des travaux d’ampleur vont lui redonner vie: réfection totale de la toiture, mise en place de portes, consolidation du chœur, remplacement d’un chapiteau volé, etc...
Depuis des messes y sont célébrées comme pour la fête du patrimoine et des concerts organisés par l’association de restauration.
Concerts caritatifs, concerts rarement bénéficiaires, mais qui permettent une programmation de qualité, respectueuse des lieux afin de divertir la population du territoire tout en donnant l’opportunité à des ensembles vocaux locaux de se faire connaitre.
«N’est-ce pas paradoxal», fait remarquer le maire, «alors que ce bâtiment nous appartient, que l’on doive demander l’autorisation de s’en servir?». Ce à quoi les membres de l’association rajoutent: «Si nous ne l’avions pas restauré, ce serait toujours une ruine aujourd’hui, et nous n’y ferions ni messes ni concerts.»
A l’heure où la Fondation du Patrimoine, soutenue par le gouvernement, appelle à «sauver le patrimoine religieux de nos villages», espérons un peu plus de mansuétude, de considération, de respect envers ces associations et mairies qui se battent pour y contribuer, faute de voir ces dernières baisser les bras.
Z.G.