Il s'agit d'un article que j'avais écrit en 2017 pour la Gazette du Comminges, au moment des fêtes du Patrimoine en septembre. Avec un interview de René Peyriguer de Montsaunes.
Quand ce confinement sera terminé, allez-y faire un tour. Il faut demander à la mairie ou au café en face de l'église pour avoir la clef. Mais sans les explications de René, et sauf si vous êtes un expert en matière d'église templière, je pense qu'il est difficile de tout interpréter.
Depuis cet article je sais que le Conseil Départemental, les Monuments de France et les structures pour la sauvegarde du patrimoine sont à nouveau intervenues. Aujourd'hui les plus en danger doivent être les peintures à l'intérieur. Les bénévoles ont mis la toiture hors d'eau , ce qui a contribué à assainir l'intérieur de l'église.

Avec la fête nationale du patrimoine, c’est vers l’église Saint-Christophe de Montsaunès, que vont se porter les pas des passionnés de l’histoire des Templiers. Les 16 et 17 septembre l’église sera ouverte toute la journée de 10h à 18h. Cette église du XIIème siècle reste certainement une des dernières églises de l'Ordre du Temple à contenir encore toute sa décoration picturale d’origine, même si elle est cachée sous des bandes de plâtre.
C’est René Peyriguer, habitant de Montsaunès, passionné de l’histoire de son village et particulièrement de celle ayant trait à l’Ordre de Templiers qui explique :
« Montsaunès est un petit village auquel a préexisté une fondation celte et ensuite une fondation romaine. Au Moyen-Age ce petit village s’appelle Montisalinencis, il deviendra Montsaunes : le Mont sur le sel. L’explication est que sous Montsaunes se trouvait une épaisseur de sel de 500 mètres. Les sources salées qui sortaient sur Salies au Moyen Age provenaient de Montsaunes. L’exploitation du sel, se faisaient du temps des Romains par l’évaporation de l’eau sur des pierres chauffées. Les Templiers eux faisaient concentrer le sel dans des pots d’eau salée qu’ils chauffaient. Ensuite ils cassaient les pots pour recueillir le sel. C’est ce qui explique que lorsque des travaux ont été faits à Salies devant le collège, on a trouvé énormément de cruches cassées. Ce n’était pas parce que les potiers étaient maladroits, mais c’est que les pots étaient fabriqués pour être cassés.

De quand date l’arrivée des Templiers ?
Ils arrivent ici, en 1140 – 44, ils récupèrent un territoire important qui leur est donné par les Comtes du Comminges, parents avec les Comtes de Toulouse. Quand l’Ordre du Temple est créé en 1118 à Jérusalem, c’était ce qui se faisait de mieux en matière de Chevalerie et les grandes familles se devaient d’intégrer l’Ordre. Les chevaliers de l’Ordre du Temple étaient de vraies bêtes de combat, ils s’entrainaient pour ça.
Pourquoi sont-ils arrivés ici à Montsaunès ?
Parce qu’ici ils avaient la possibilité de s’étendre. Stratégiquement à Montsaunés on est à un confluent du Salat et de la Garonne. On surveille d’un côté les arrivées par Saint Bertrand de Comminges, depuis le port de la Bonaigua, qui était le seul point d'accès au val d'Aran du côté espagnol, et on peut aussi verrouiller sur le Salat par le port de Salau. C’était important d’être installé ici.
Les Templiers eux ont besoin d’argent pour les Croisades, et ils vont le trouver avec le sel sur Salies, l’exploitation des bois, les chevaux, les armes, les protections des pèlerins de St Jacques de Compostelle, etc… Ils achètent des terres, on leur en donne et ça devient une Commanderie des plus importantes du Sud-Ouest. Montsaunes veut faire jeu égal avec la Couvertoirade, la Rochelle, Bordeaux…
Sur le plan économique qu’ont ’ils apporté?
De l’agriculture avec les grosses découvertes de l’époque : l’assolement triennal, la jachère. Les gens qui travaillaient pour eux, et qui appartenaient à l’Ordre du Temple, travaillaient gratuitement. Et donc logés, nourris, blanchis. Cela faisait une armée d’ouvriers non payés qui leur rapportait pas mal. Leur territoire s’étendait sur 1000 ha. Les comtes d’Aspet ont fait donation de toute la vallée de la Ballongue, d’Audressein jusqu’à Portet d’Aspet : 25 kms, 23 moulins. Plus Ausseing, Belbèze, une partie de Plagne, Lafitte Toupière, quelques possessions à Salies, Touille… Les moulins, les forges, le four banal pour cuire le pain sont propriétés de la Commanderie. Ils avaient des bois et tout était régi par une Charte : les permis et les interdits.
