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Sécheresse : l'eau d'un canal déviée pour alimenter et sauver la Garonne
Photo de adrienolichon sur Unsplash
Publié Mis à jour 
 Durée de la vidéo : 2 min.
 
I.Delion, O.Combe, F.Fort, images drone : AirDroneOne - France 2
France Télévisions  
Pour faire face au manque d’eau, le Département lance R’Garonne
 
Date de publication
Publié le 24 avril 2023
Temps de lecture : 3 min
Miniature
R’Garonne, un projet de recharge de la nappe alluviale du fleuve depuis le Canal de St-Martory
© Aurélien Ferreira
Légende

R’Garonne, un projet de recharge de la nappe alluviale du fleuve depuis le Canal de St-Martory

Chapeau

Avec 32 jours consécutifs sans pluie, notamment en février, les réserves naturelles ou artificielles et les nappes phréatiques ne sont pas remplies pour assurer un soutien d’étiage cet été, le Conseil départemental se mobilise. Parmi les solutions alternatives proposées pour lutter contre le manque d’eau : R’Garonne, un projet de recharge de la nappe alluviale du fleuve depuis le Canal de St-Martory, vient d’être lancé. Une expérimentation inédite qui pourrait permettre de soutenir le cours de la Garonne entre cinq et dix millions de m3.

Explications.

Corps v2

Julien, un agent de Réseau31, le service public de l’eau en Haute-Garonne, vient d’ouvrir les vannes, l’eau s’écoule le long du canal du Tuchan, issu du canal de Saint-Martory. Nous sommes à proximité de Cazères, à une soixante de kilomètres de Toulouse. C’est là que vient de débuter ce 18 avril l’expérimentation de recharge de la nappe alluviale de la Garonne depuis le canal de St-Martory. Grâce à ce procédé, il est attendu que 560 litres par secondes puissent s’infiltrer naturellement jusqu’à une zone un peu plus en aval, à 3 kilomètres de là, pour réalimenter cette nappe. 

Une action Garon’Amont

Cette solution fondée sur la nature et respectant le cycle naturel de l’eau pourrait permettre de soutenir le cours de la Garonne en période d’étiage, c’est-à-dire lorsque celui est le plus bas. Entre cinq à dix millions de mètres cubes d'eau pourraient ainsi être apportés au fleuve, et ce sans évaporation. Un vrai potentiel non négligeable. Le site choisi concilie localisation optimale à proximité et en amont de la Garonne, conditions hydrauliques favorables et une bonne perméabilité des sols. Pour augmenter le transport de l’eau jusqu’à la zone d’infiltration, des travaux ont été effectués pour recalibrer les fossés, agrandir les passages busés et réhabiliter les canaux hors d’usage, construits au XIXe siècle. Un autre site à proximité du Fousseret est également envisagé. Inédite en France de par son ampleur, R’Garonne est l’une des 32 actions déployées dans le projet de territoire Garon’Amont piloté par le Département.  

Amplifier un phénomène naturel

Mais comment cela fonctionne-t-il ? La nappe alluviale agit comme un réservoir souterrain qui, par un processus naturel, accumule l’eau de pluie qui s’infiltre dans le sol pendant l’hiver et la restitue progressivement en été. Cette nappe peut alimenter la rivière durant certaines périodes. L’idée est d’aider cette nappe à se recharger au maximum grâce à l’infiltration durant l’hiver et le printemps à partir de volumes d’eau fournis par le canal de Saint-Martory grâce à une bulle de recharge qui se déplace progressivement jusqu’à la nappe. « L’objectif est d’amplifier un phénomène hydrogéologique naturel, connu depuis l’Antiquité mais jusqu’à présent très localisé, tout en le maîtrisant », explique Yann Oudard, directeur général adjoint de Réseau31. Pour autant la prudence reste de mise car, s’agissant d’un phénomène naturel, il est difficile de savoir quand le volume infiltré retournera vers la Garonne une fois son parcours souterrain achevé. « Il n’y aura pas de solution miracle pour faire face à un déficit structurel que connaît notre territoire. Aujourd’hui, l’heure est à la sobriété pour toutes et tous pour concilier tous les usages (eau potable, industrie, agriculture) et préserver le bien commun qu’est l’eau. En plus de cette nécessaire adaptation au changement, il nous faut agir sur plusieurs fronts pour mieux préserver et mieux stocker l’eau. Il s’agit donc d’une des expérimentations novatrices que l’on suivra avec attention dans le cadre d’une politique concertée », abonde Sébastien Vincini, président du Conseil départemental.

Expérimental et partenarial

D’une durée de 4 ans, ce projet de 1,87 million d’euros s’appuie sur un partenariat entre Réseau31, et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) qui apportera son expertise scientifique dans le suivi de l’expérimentation, avec le soutien de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, de la Région Occitanie et du Département de la Haute-Garonne. Si cette expérimentation s’avère concluante, une réalimentation permanente par cette méthode sera engagée.

En Haute-Garonne, une opération inédite de déviation de l’eau d’un canal a été lancée, mardi 18 avril. L’objectif est de recharger lentement la Garonne afin de faire monter son niveau l’été.

Elle alimente en eau potable 1,4 million de personnes et fait vivre tout un écosystème. Face à la sécheresse, il devient essentiel de trouver des solutions pour soutenir le débit de la Garonne en été, d’autant que ses réserves sont très faibles en amont et qu’il y a peu de neige dans les Pyrénées. Une solution pourrait venir de fossés, remplis dans la matinée du 18 avril à titre expérimental pour recharger la nappe phréatique. "Ça se sont des terrains qui sont particulièrement perméables, donc l’eau en s’écoulant, va saturer et va s’infiltrer au fond et sur les côtés, et progressivement rejoindre la nappe", explique Anne-Valérie Hau-Barras, directrice régionale du BRGM.

L’expérimentation a coûté 1 850 000 euros 

L’eau vient d’un autre canal, à 60 km au sud de Toulouse (Haute-Garonne). Sous terre, l’eau va progresser de quelques mètres par jour. Elle atteindra le fleuve en été quand il en a le plus besoin. Un système qui pourrait s’avérer très efficace. L’expérimentation a coûté 1 850 000 euros. Des pluies permettront de vérifier le bon écoulement de la nappe. L’étude sera suivie pendant quatre ans et vérifiera que la qualité de la nappe phréatique n’est pas altérée par les eaux de surface.

 

Tag(s) : #Saint Martory, #Toulouse, #Eau, #Environnement, #Haute-Garonne
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