Le RGA menace 10 millions de maisons, fissurant les sols et les murs. Des solutions existent pour en réduire les conséquences. Le point avec Frédéric Henry, directeur prévention construction à l'Agence Qualité Construction, rencontré à Batimat.
Le retrait et gonflement des sols argileux (RGA) impacte les bâtiments. Plus de la moitié des maisons individuelles en France, soit 10 millions, sont potentiellement concernées. Et sur cette part, « un peu plus de trois millions sont déjà attaquées par ce risque et fissurées », recense Frédéric Henry, directeur prévention construction à l'Agence Qualité Construction (AQC), rencontré, le 1er octobre, à l'occasion du salon Batimat, à Paris.
Selon la fédération France Assureurs, le coût des sinistres liés au risque RGA est estimé à 1,5 milliard par an. Par ailleurs, la surprime, sur les contrats d'assurance, qui finance le régime des catastrophes naturelles, va passer de 12 à 20 % au 1er janvier 2025. Or, si on ne fait rien pour adapter le bâti exposé au RGA, les coûts d'indemnisation des assureurs pourrait tripler pour passer de 13,8 à 43,3 milliards d'euros d'ici à 2050.
Les conseils de l'AQC
Plusieurs facteurs provoquent le phénomène de retrait-gonflement des argiles. Outre les variations d'humidité du sol liées aux conditions météorologiques, la plantation d'arbres à proximité de la maison joue aussi sur les quantités d'eau présentes dans le sol sous les fondations, prévient Frédéric Henry.
Depuis le 1er octobre 2020, l'étude géotechnique des sols est par ailleurs obligatoire préalablement à la construction de maisons individuelles situées dans les zones argileuses. Cette mesure est prévue par la loi Elan du 23 novembre 2018. Il s'agit aussi de renforcer les structures de la maison, conformément aux règles de l'art des DTU (documents techniques unifiés).
Pour les constructions existantes, l'AQC préconise de mettre en place un trottoir autour de la maison, de 1,50 m à 2 mètres de large en béton ou en membrane géotextile, afin de limiter l'évaporation à proximité immédiate des murs de façade. Autres mesures de prévention : « On va écarter les arbres et éventuellement installer des écrans antiracines, mais aussi faire très attention à l'étanchéité des réseaux d'une manière générale », ajoute-t-il.
Le Cerema poursuit ses expérimentations
Par ailleurs, des expérimentations sont également lancées pour tester de nouvelles solutions techniques. Parmi elles, on retrouve le dispositif Mach (1) (pour Maison confortée par humidification), développé par le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema). Cette solution se base sur la réhumidification des sols des fondations des maisons sinistrées liées au RGA, pendant les périodes de sécheresse, avec de l'eau de pluie préalablement récupérée et stockée. « En fonction de la nature des argiles, ce dispositif donne de bons résultats », indique Laurent Arnaud, directeur du département bâtiments durables du Cerema. « On est proche d'avoir une solution industrielle pour Mach, au plus tard en 2026 ».
Pour identifier des solutions de remédiation plus abordables, l'Agence de la transition écologique (Ademe) a aussi retenu deux projets du Cerema : les projets Safe RGA et Sehsar, (2) lancés en juillet 2024 pour cinq ans. Dans le cadre du projet Safe RGA, plusieurs solutions de prévention et d'adaptation (gestion de l'eau et de la végétation) seront ainsi testées in situ sur une dizaine de maisons sur sites argileux. Le projet Sehsar vise aussi à améliorer l'indice d'humidité des sols (SWI) utilisé par Météo-France dans la reconnaissance en catastrophe naturelle sécheresse.