Article dans la Gazette du Comminges du 1er avril 2020
Les commerçants en première ligne pour nourrir la population
Salies du Salat vit comme toutes les communes du Comminges à l’heure du confinement. Quelques commerces sont toujours ouverts, dont ceux assurant l’alimentation de la population.
Pour Paco Fraysse, 29 ans, gestionnaire du Carrefour Contact, des difficultés supplémentaires émaillent son quotidien. Assurer la continuité de l’approvisionnement alimentaire c’est toute une organisation. En premier lieu respecter et faire respecter les gestes barrières pour éviter la propagation du virus : « je suis responsable de mon magasin », explique le directeur, « et le groupe Carrefour nous demande de prendre beaucoup de précautions pour nous, pour nos salariés et nos clients. J’ai la liste de tous les médecins, donnée par le siège, en cas de soucis. Mon personnel a les masques, les caissières sont protégées par des plexiglass. On nettoie et désinfecte les chariots et paniers de courses en permanence ainsi que l'ensemble des caisses de paiements".
Du coup toute la panoplie sanitaire est au complet : gel hydro alcoolique, masques et thermomètre.
De façon à préserver ses salariés, les horaires de travail ont été diminués : «j’ai raccourci mes horaires d’ouverture de 8h à 19h au lieu de 20h et le dimanche je ferme à midi et non à 13h. La boucherie ferme à 18h au lieu de 20h. Je continue à ouvrir le commerce le dimanche à cause des denrées périssables et du fait que c’est également le seul commerce ouvert dans le coin, et cela rend service aux habitants. J’essaie de faire au mieux, mais parfois il y a des clients qui ne sont pas contents, je fais ce que je peux.»
Des habitants qui viennent plutôt en masse le matin faire leurs courses. Sauf ceux, isolés ou âgés, qui préfèrent passer commande : « on prend des commandes par téléphone, on vérifie que l’on ait les produits demandés, on rappelle le client afin qu’il prépare un chèque, on va leur livrer et on repart. »
Quelques difficultés dans les livraisons des fournisseurs également : «il y a aussi des problèmes sur les entrepôts. Les marchandises sont là, mais il manque des chauffeurs pour faire les livraisons. Du coup celles-ci sont décalées, je reçois 70% de mes commandes environ. J’ai beaucoup d’industriels qui ont fermé également. Par contre tout ce qui est boucherie c’est local, j'ai beaucoup de producteurs locaux comme le café, le miel, les vins, les fromages et bientôt un producteur de lait.»
Des points positifs fort heureusement : « on s’entraide entre commerçants, ceux qui restent ouverts, les pharmacies, ainsi que les ambulanciers, infirmiers et les artisans. La gendarmerie passe régulièrement voir si tout va bien, le maire téléphone quotidiennement. Les clients sont restés fidèles et sont toujours aussi nombreux. Je ne filtre pas les personnes car mon magasin fait moins de 2000 m2. Par contre à l’intérieur il y a les bandes espacées de 1 mètre. Il y a une relation de confiance avec les clients, nous leur demandons de maintenir un esprit civique.»
Mais ce qui a mis du baume au cœur du jeune gérant c’est l’attitude responsable et solidaire de son équipe : « aucun salarié ne s’est mis en arrêt, ou fait de l’absentéisme, ou fait valoir son droit de retrait. J’avais peur qu’on ne soit pas assez nombreux. Je suis très content de mon équipe. Certains ont des enfants, mais ils ont pu s’organiser afin d’assurer le travail. Aujourd’hui je leur ai réduit les heures mais je continuerai à payer leurs contrats complètement. Je suis toujours avec eux, je leur montre l’exemple avec le port des masques et c’est moi-même qui effectue les livraisons pour qu’ils ne prennent pas de risques. Il ne faut pas céder à la panique. Il y a le danger quotidien. Mais si on cède à la panique ce n’est pas la maladie qui va nous tuer, ce sera l’humain. »