La misère: une plante facile à entretenir et à bouturer
Aujourd'hui, sous prétexte que le confinement a affaibli les entreprises, sociétés, commerces... on demande aux salariés un effort personnel.
Un effort qui se traduirait par travaillez autant, ou travaillez plus, mais il faut faire un effort sur le salaire et consentir à des baisses de salaire.
Malheureusement les baisses de salaires concernent rarement les dirigeants, les patrons, les chefs d'entreprise. Ce sont surtout les emplois tertiaires, les employés de service qui sont déjà au ras des pâquerettes, à qui on demande encore un effort. Ils sont pratiquement sûrs de gagner, car quand on a un salaire dérisoire et que l'on travaille pour un salaire dérisoire c'est qu'on a vraiment besoin de travailler.
Et même s'il faut consentir à perdre 100€, 200€ sur une paye déjà maigre, ces gens là vont le faire, car il faudra bien manger et subvenir aux charges. Vont ils travailler mieux? Non, certainement non. Car même s'ils sont obligés de se taire, ils n'en pensent pas moins. On leur a dit: "oui mais si vous ne faites pas un effort, la boite va mettre la clef sous la porte." Sauf que rarement les dirigeants, chefs d’entreprise font eux-mêmes cet effort. Le discours devrait s'entendre plutôt comme: "travaillez plus, sans quoi je ne pourrais pas garder mon poste de dirigeant et mon salaire..." ce qui est légèrement différent des raisons données aux employés.
Alors que pourtant le problème est simple: l'entreprise, la société a des difficultés. Il faut résoudre les difficultés pour que ça reparte. Résoudre les difficultés c'est se replacer sur le marché, retrouver des opérations rentables et pour cela il faut des collaborateurs, des salariés compétents. Qui dit compétent, dit payés à hauteur de leurs compétences.
Et donc ce n'est pas en baissant le salaire des collaborateurs ou des employés, cheville ouvrière de l'entreprise, que l'on va résoudre le problème. Au contraire, car ceux-ci vont bien comprendre qu'on les traite comme des pions, qu'on les dé-considère et dans ces conditions je ne vois pas comment ils pourraient avoir le cœur de travailler plus. Pourquoi faire des efforts pour des chefs d'entreprise ou dirigeants qui leur mentent en faisant croire que c'est l'entreprise qui est en danger, alors que ce ne sont que les salaires des dirigeants, salaires qu'ils n'ont nullement l'intention de baisser, qui sont en cause...
Tout ce que je raconte c'est mon expérience qui me le dicte. Pendant 25 ans j'ai été à la tête de l'APEAI. Partant de 0 salarié pour arriver à 18 quand je suis partie en 2013 et aux alentours de 30 aujourd'hui en 2020. Ce n'est pas en embauchant du personnel de qualité et sous-payé que l'on est arrivé à cela. Ces deux critères sont incompatibles. Pour avoir des résultats on embauche des personnes compétentes et on les paye selon leurs compétences et non selon des critères de copinage ou de népotisme, ça ne fonctionne qu'un temps....
Aux travailleurs qui vont voir leur pécule réduit de moitié, je leur dis ne vous laissez pas faire. Ce n'est pas comme ça que ça marche! On vous passe la brosse à reluire, on vous félicite... mais au bout du compte on vous gruge complètement... Et dites vous bien qu'eux, les dirigeants ont bien plus besoin de vous qu'ils ne veulent vous le laisser croire.
Aux dirigeants je leur dirais, vous avez tout faux. Relisez ce que j'ai écrit! On sauve une boite, une entreprise en se remettant en cause, en cherchant pourquoi ça se casse la figure. Peut-être n'est on plus dans le bon créneau, peut-être faut'il développer d'autres pistes, ouvrir les marchés... mais certainement pas dénigrer ses employés en leur mentant et en diminuant leurs salaires. Certains continueront à travailler pour vous, car ils n'auront pas le choix, mais ils vous mépriseront. Je n'ai jamais entendu dire que le mépris soit un des facteurs de la réussite et des avancées...
A vous de voir....