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Montespan - Claude Michelin Daure , le bouilleur de cru, s'en est allé

Discours de Marie-Christine Llorens, maire de Montespan suite au décès de Claude Michelin Daure , le bouilleur de cru, le 30 novembre dernier:

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. » avait dit Jean d’Ormesson.

Nous sommes donc rassemblés en ce lundi 02 décembre 2024, dans cette salle de cérémonie afin d’accompagner solennellement Claude et exprimer notre affection à celui qui vient de nous quitter et de rendre son dernier salut dans sa 91ème année.

Tel que vient de le relater Monsieur Tissière, Claude est arrivé très jeune dans notre village, celui-là même qui allait devenir SON village !

Personnage emblématique au caractère bien trempé mais honnête et droit, modeste et simple, voire pudique, Claude savait être aussi convivial et jovial.

Il aimait à recevoir, à discuter, voire à monter le son si nécessaire. Il disait : « oui on se dispute, on discute un peu fort mais après on n’en parle plus. » Parce-qu’il était comme ça Claude. La période des élections municipales en fut la preuve. Quelle aventure comme le dit Paulette : « on y faisait, on y en mettait ! »

Ainsi Claude fut conseiller municipal de 1971 à 1988. D’abord avec Monsieur Duprat puis avec Monsieur Liesenfeld. En toutes circonstances et avec qui que ce soit, il savait affirmer ses convictions parfois avec force et détermination.

Ce qu’il a continué de faire bien après et je peux en parler, notamment depuis que je suis maire. Il râlait, roumèguait souvent sur l'entretien des chemins mais se plaisait à m'aider à remettre les choses en ordre et les faiseurs de trouble à leur juste place. En fait de tout temps à jamais, il disait simplement tout haut ce que d’autres pensaient tout bas.

Ah oui c’était un personnage Claude, le Bouilleur de cru ! Depuis l'âge de 16 ans jusqu'en 2021, passionné par son activité, il a d'abord sillonné les routes avec son père Jean de village en village. Puis il s’est installé sur la Place de son Village avant de poser ses belles cuves de cuivre sur la Place…du Bouilleur de Cru, derrière la salle polyvalente, place qui mériterait aujourd’hui de porter son nom. Et je le lui promets, je vais m’y employer.

Chaque année, à l’heure des premiers frimas, Claude installait ses alambics, arrangeait le tas de bois qui allait faire bouillonner ses belles machines, avec Thierry, son gendre et ses fidèles compagnons Louis et Henri. Tout le monde attendait son arrivée avec impatience. Il est ainsi des temps forts qui rythment la vie du village. L'arrivée des alambics en était un. Et que dire des jours qui suivaient…tous ces gens qui arrivaient d’un peu partout, les discussions animées, les blagues, les rires et les fameux « grailloux » auquel tout un chacun pouvait participer. Avec évidemment la petite goutte en fin de repas. Le fameux élixir sorti des cuves magiques délivrant ses effluves que nous pouvions sentir jusque dans nos bureaux.

Mais comme toute bonne chose a une fin, les alambics repartent chez leur propriétaire mais tout n’est pas fini…il reste le « repas de la gnole ». D’abord sous chapiteau, avec les copains du XIII de Saint-Gaudens, puis dans notre salle que je mettais à disposition avec et pour notre plus grand plaisir. La convivialité et l’amitié étaient à l’honneur. L’on y dégustait les fameux œufs mimosa de Paulette, le délicieux foie gras fait maison et l’on plaisantait, on riait, on chantait, parfois même on y dansait. Le temps d’une journée, l’air était léger et l’on terminait bien entendu par un petit verre de gnole ou deux !

Mais Claude commença à vieillir et le bouilleur de cru ne vint plus.

Homme du terroir, de terrain, il aimait la terre, son tracteur, son jardin, les bois, C'était un besogneux comme on dit. Il s'est éteint après des années de labeur mais aussi après 68 ans de bonheur avec sa Paupau comme il aimait à l’appeler. Les inséparables, les amants terribles qui se chamaillaient, se taquinaient mais avant tout qui s'aimaient simplement dans les hauts comme dans les bas. Et Dieu sait qu’ils en ont connu. Mais rien ne les aura séparés.

L'homme était d'allure robuste, la voix parfois tonitruante mais le cœur et l'âme étaient bien plus sensibles que vous ne pouvez l'imaginer !

Nous avons vécu Roland et moi, des moments de pure tendresse, d'affection mais je ne m'y attarderai pas...ils sont d'ordre privé, intime et si précieux !

Oui Claude s'en est allé mais longtemps la silhouette de l'homme dans sa salopette bleue devant les alambics restera dans nos mémoires et dans nos cœurs.

Chère Paulette, chers Cathy et Thierry, nos pensées vous accompagnent ainsi que votre famille pendant cette période douloureuse. La vie est éphémère, mais le souvenir d'un être cher reste. Nous vous souhaitons beaucoup de courage, et sommes de tout cœur à vos côtés. La mort d'un être aimé est toujours un moment tragique.

Je citerai Rob Liano en vous disant : “Le chagrin que nous ressentons lorsque nous perdons un être cher est le prix à payer pour l'avoir eu dans notre vie.”

Adieu Claude, reposez en paix.

Tag(s) : #Artisanat, #Montespan, #Comminges, #Haute-Garonne
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