Triste lundi que ce 26 mai... il pleut sur le Comminges et à quoi s'attendre de plus.... il pleut et j'espère qu'il pleut sur toute la France...
La France , et les français ... ceux qui ont oublié, ou qui n'ont jamais su ou cherché à savoir le prix de notre liberté, de la Paix dans cette Europe depuis 70 ans.
Venez donc à Marsoulas dans le Comminges samedi 14 juin 2014. Au moins pour écouter et regarder. Quand les enfants de l'école auront fini de lire la liste des 28 habitants du village, quand à la 28ème victime s'en sera fini de la litanie des "Morts pour la France", on pourrait peut-être refaire ce vote pour l'Europe...
Cela va faire 70 ans ... 70 ans qu'un tiers de la population de cette petite commune commingeoise des Petites Pyrénées a payé son lourd tribu à la nation... oui 28 habitants du village, qui en comptait une centaine le 10 juin 44, 11 enfants, 6 femmes et 11 hommes, ont été les victimes de cette guerre, de la folie d'un dictateur que je ne nommerais pas...
Il ne faut pas oublier
Programme:
9.30: Accueil des participants devant la Mairie
10.00: Messe du souvenir
10.45: Départ du cortège vers le monument commémmoratif
11.00: Recueillement devant la Fosse Commune
11.15: Cérémonie du Souvenir à la Stèle des Martyrs
11.45: Passation du drapeau national des communes médaillées e la Résistance Française. - Remise des médailles du souvenir.
12.15: Défilé vers la Mairie. Présentation de l'exposition itnérante des communes médaillées de la Résistance - Dévoilement de l'exposition relative au 10 juin 44.
12.30: Vin d'honneur offert à tous les participants.
Les Anciens Combattants, les Associations, les Municipalités sont invités à assister aux Cérémonies avec leur Porte Drapeau
Moi qui me suis implantée dans le village voisin en 1983, voilà donc 31 ans, je ne pense pas avoir manqué une seule fois une commémoration du massacre de ce jour là.
Lorsqu'on assiste à une d'elles, la première fois... il est difficile l'année suivante de trouver une bonne raison de ne pas être là l'année d'après.
Marsoulas, il faut y venir et emmener les enfants et les jeunes. Mes 3 enfants ont passés leur enfance et leur jeunesse dans cette commune, même si ce n'est pas la leur ...
Rien ne leur a été imposé, et passé 15 ans... qu'impose t'on à des jeunes! is viennent par solidarité, amitié pour leurs copains du village. Ils y ont fait et continuent à y faire la fête le dernier week-end de Juillet. Et il faut tout partager... la joie comme les peines.
Quand j'avais l'âge de ces enfants sur la photo, moi aussi avec l’école on nous emmenait devant le monument aux morts. Et bien sur on ne comprenait pas qui étaient ces gens qui étaient morts pour la France... à la guerre de 14 ou de 40... on était trop petits et heureusement, au village ou mes parents habitaient, il n'y avait pas eu de massacres.
Alors c'est vrai que c'était des noms sur une stèle en mémoire d'une guerre dont on ne savait rien.
Il a fallu arriver à Marsoulas pour comprendre le sens des mots, pourquoi ces morts, pourquoi cette guerre... je n'ai pas honte de l'écrire et de le dire, car bien sûr entre-temps on avait appris à l'école l'Histoire de France. Mon père, Guerino, un italien qui avait fui le fascisme, avait lui aussi pas mal payé entre camps et prisons pendant la guerre. Mon beau-père, Etienne, parti à l'âge de 17 ans au service militaire en 38 se retrouvera en Pologne dans une ferme pendant toute la guerre, prisonnier... il en sortira grâce aux Russes, rejoindra la France et au grand étonnement de sa famille qui le croyait mort, reviendra en 45 chez lui... 7 ans entre 17 et 24 ans...
Mais à Marsoulas, la 1ère commémoration à laquelle j'ai assisté devait être en 84. Je croyais me retrouver devant une stèle, avec une messe , des fleurs et voilà.
Sauf que tous ces morts avaient des visages, des parents, des cousins, des survivants qui se souvenaient. Les photos que le préfet de Saint-Gaudens Monsieur Dautresme avait pris en cachette des allemands témoignaient du massacre.
Et puis il y avait la Fosse Commune... C'est seulement que, quelques années plus tard, en suivant le défilé qui traversait le cimetière adjacent à l'église, que je suis arrivée devant la Fosse Commune.
Un sentiment qui me donnait la nausée, eh oui... car sous les dalles grises il y avait ces habitants, ces gens innocents, ces femmes, ces enfants, ces hommes... il n'était pas morts à la guerre, sans sépultures, comme lorsque je passais à 8 ans devant la stèle de mon village. Ils étaient juste là dans la terre.
Pour moi, je trouvais ça incompréhensible. On peut accepter des séismes, des tempêtes, des maladies, mourir en combattant, des accidents, que sais-je?.. sauf que là ils avaient été tués, victimes d'un engrenage qu'ils n'avaient pas provoqué, victimes quelque part d'un fou furieux. Un fou qui voulait assouvir ces rêves de conquêtes, et asservir le monde à son idéologie.
Que pouvait donc savoir en ce 10 juin 44, tous ces habitants de Marsoulas et d'ailleurs, des exactions que ce dictateur avaient d'ors et déjà commises? seule l'Histoire nous le révélera petit à petit, au fil des ans et parfois au bout de grands nombres d'années, grâce à la télé qui divulguera témoignages, photos, documents, films...
Mais ce jour-là? qui aurait pu imaginer ce qui était passé dans le cerveau malade de cet homme?
Tout ça pour dire... qu'il faut venir à Marsoulas. Pour les jeunes, pour tous ceux qui ignorent que derrière les noms, derrière ce massacre il y a des visages, des personnes innocentes.
La Liberté, c'est pas un clic de souris sur le net... la Guerre c'est pas un jeu de console vidéo, c'est pas une série fantastique...
La démocratie comme nous la vivons, même si nous pensons que ce n'est pas l'idéal..., elle existe ici en France et en Europe. Faut pas laisser les bonimenteurs dire qu'il y a mieux ailleurs... Y a pas mieux ailleurs. La Liberté c'est fragile....
Alors lundi matin, quand dans la Dépêche, j'ai vu la carte de la France au milieu de l'Europe et que j'ai vu cette couleur Grise, j'ai eu la nausée....
et puis avant ou après que je me retrouve devant la fosse commune, il y a eu les récits et les photos...
Un jour, Jean-Pierre me dit :"il faudrait retaper les textes relatifs au massacre pour pouvoir les mettre sur une exposition, un petit musée de la Résistance que la municipalité veut créer". Bien sûr j'ai accepté. Il savait que je maniais pas trop mal le clavier de l'ordi, il m'a donc remis les textes et les photos qui allaient avec.... à cette époque là mes enfants étaient tout petits entre 6 mois et 5 ans. Et y avaient ces photos d'enfants, de bébés assassinés et ces récits de tueries... Je tapais en pleurant je ne sais combien de pages, qu'il fallait lire et relire...
Ah Jean-Pierre.. pleurer ce n'est rien... juste une preuve de plus qu'on est vivant...
Alors c'est vrai que l'on me reproche souvent de ne pas assez mettre les formes quand j'ai un truc à dire... ou à écrire...
Personne n'avait mis les formes lors de ce massacre... C'était écrit noir sur blanc, comme ces photos insoutenables.
Faut'il mettre les formes quand il faut relater de tels faits?
Alors quelque part, j'ai appris encore plus à aller droit au but. On ne leur a pas demandé s'ils voulaient mourir à tous ces gens, s'ils étaient prêts, s'ils avaient quelque chose à dire...
Aujourd'hui s'apitoyer ne sert à rien.... l'Histoire se répète inlassablement, si ce n'est pas en France c'est en Europe, ou ailleurs à quelques heures de vol de la France.
des photos des années précédentes
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CANIAC du CAUSSE - fin de l'été....
Le Lot sous la chaleur...
Le vieux monsieur s'avance
appuyé sur sa canne
très digne il descend
en gare de Cahors
Sa cravate rayée
sang et nuit, sang et deuil,
nous rappelle d'autres trains
d'autres temps...
de la guerre si loin
des compagnons si proches
du maquis
des combats...
Les récits font foison
ses jambes douloureuses
ont arpenté le Causse
il y a de ça longtemps...
du chant des partisans
roulement de tambours
des sonneries aux Morts
hommage à Jean Moulin
Sous les drapeaux qui claquent
y a des hommes qui pleurent
dans la foule insouciante
y a des enfants qui rient
Alors que claudiquant
d'un pas mal assuré
il suit le défilé
Les hommes de la guerre
surmontant leur douleur
le regard embué
bien au-delà des bois
avancent et se souviennent...
Dans leur tête se pressent
souvenirs , fusillades...
aucune nostalgie
de tout ce sang versé...
Dans la foule qui observe
- attraction de l'été -
d'un air indifférent
sous un soleil de plomb
défilent les médaillés...
Sa cravate l'étreint
les blessures se rouvrent
Eux ils avaient 20 ans
auraient pu se moquer
et puis laisser à d'autres
le soin de regagner
cette chère Liberté
Se battant pour qu'on vive
se cachant pour survivre..
Et le drapeau s'abaisse
vers la terre gagnée
et le drapeau se lève
aux airs de Liberté
le train va repartir
usagers anonymes
qui se font bousculer...
la foule qui ignore..
le vieux monsieur ridé
a rangé ses médailles,
et se dit que tant pis...
pour tout ces gens pressés
ça valait bien la peine
de laisser ses vingt ans
dans les sous-bois glacés
de ce Maquis sanglant
Caniac du Causse
3 septembre 2011
QU'ELLE ETAIT BELLE LA NORMANDIE......
dans vos yeux aujourd'hui
qui regardent au loin
au-delà de la mer
au-delà du port de l'espérance
la mer si lisse
qui a emporté
dans son antre
les corps des amis disparus
ils étaient des milliers
des millions
qui ont mêlés leur sang
jetés leur jeunesse
dans les flots la fournaise
ou les mines ensablées
juste pour un truc
que l'on nomme Liberté...
Dans vos yeux tristes
de survivants, de résistants
dans votre voix qui peu à peu
s'essouffle
dans ces mots prononcés
ces prières voilées
dans vos yeux vers le large
il y a déjà ce départ annoncé...
Il y a vos souvenirs
de ce passé sanglant
qu'avec abnégation
vous avez sacrifié
pour nous laisser à nous
une terre libérée
Qu'elle est lourde à porter
que la terre à vos pieds
est dure à arpenter
que la Manche était belle
en cette fin d'été
et dans vos mains tendues
là-bas vers l'horizon
il y avait des regrets
de partir, d'abandon...
avec vos casques blancs
de vos cheveux d'argent
vos médailles gagnées
sur les champs de bataille
vous fouliez avec gêne
le gazon impeccable
des cimetières innombrables..
de la reconnaissance?
mais qui dans notre monde
aujourd'hui se souvient
de votre jeunesse
vos combats,
quand ceux-ci n'avaient
qu'un seul nom: Liberté...
et l'on voudrait pouvoir
arrêter le temps
vous emmener encore
vers des enfants curieux
expliquer la douleur
la peur et le chagrin
de ces années de plomb
quand vous aviez vingt ans
Caen
Mardi 28 septembre 2010
Nous ferons tout notre possible pour être des vôtres le 14 juin, pour leur rendre hommage et te remercier par notre présence.
Zoé nous te faisons un gros bisou.
Mimile et Roger.
Ps: sur le livre que Roger est en train d'écrire, il m'avait parlé qu'il voulait narrer ce souvenir qu'il a vécu et qui est encore très présent dans sa mémoire.
Je n'espère qu'une chose que ces morts pour la France, que ces morts qui nous ont permis d'arriver jusqu'à vous, libres et fiers, n'ont pas eu accès aux résultats du vote de dimanche dernier et même si la situation à l'heure actuelle est difficile et que la gauche et la droite c'est pareil je les préfère quand même à la couleur bleue marine.
un jour j'ai entendu la maire de Montauban (la barèges) déclarer que pour elle les communistes et le front national c'était pareil, je lui dit sans aucune haine quelle attrape un livre d'histoire et qu'elle regarde si les "cocos" et les "fachos" étaient du même côté devant l'ennemi.
Zoé je suis très fier de t'avoir un jour rencontré.
Non décidément je n'aime pas la couleur bleue marine.
MIMILE.