En changeant leurs pratiques, les agriculteurs français réduisent leurs émissions de CO2. De quoi générer des crédits carbone qu'ils peuvent revendre à des entreprises désireuses de compenser les leurs. Une tendance qui prend de l'ampleur. Reportage.
En France, il est possible, pour le secteur agricole, de générer des crédits carbone qui seront ensuite revendus à des entreprises qui souhaitent compenser leurs émissions de CO2. Comment ça marche ? Nous avons rencontré des membres de Rize ag, une start-up qui s'est positionnée sur ce marché en croissance, et des agriculteurs dans le Gers. Voir le reportage vidéo.
Un agriculteur peut modifier ces pratiques parce que la réglementation change ou pour que son exploitation évolue du conventionnel vers le bio… Ces changements sont susceptibles de générer des crédits carbone. Par exemple, une des pratiques qui va générer le plus de crédits carbone est la réduction, voire la suppression, des engrais azotés de synthèse, source de protoxyde d'azote, « un puissant gaz à effet de serre », selon l'Ademe, « ayant un pouvoir de réchauffement global, sur cent ans, 310 fois plus élevé qu'une masse équivalente de dioxyde de carbone ».
L'octroi de crédits carbone repose sur la réalisation d'un bilan carbone de l'exploitation agricole grâce auquel ils sont calculés, entre l'année de référence et les années suivantes. Voir le reportage vidéo. Chaque tonne d'émissions de CO2 économisée engendre un crédit carbone.
Des crédits carbone vérifiés
Avec ses projets agricoles, Rize ag propose aux entreprises françaises des initiatives de compensation locales et non « des projets difficilement vérifiables à l'autre bout du monde ». Mais cela a un coût, car une tonne de CO2 n'a pas le même prix partout. « Il y a des crédits carbone low cost, pas très transparents, qu'on est capable de trouver à 3 euros la tonne. Avec ce qui se fait en France en agriculture, on sera sur des rémunérations (pour l'agriculteur) autour de 30 à 35 euros la tonne, compare Étienne Variot, le cofondateur de Rize ag. Et on s'attend à ce que ce soit un marché à la hausse dans les prochaines années. »
Le secteur agricole représente 19 % des émissions françaises de gaz à effet de serre, soit le deuxième poste d'émissions nationales, derrière les transports et devant l'industrie. Un constat qui fait dire à un certain nombre d'organisations, comme le Réseau Action Climat (RAC), que le secteur agricole ne peut pas se permettre de compenser les émissions d'autres secteurs. Mais aussi que la compensation carbone permet à certaines entreprises d'atteindre des niveaux de neutralité carbone sans avoir réalisé d'efforts de réduction de leurs émissions. Écoutez dans le reportage vidéo Fiona Steffan, chargée de mission au RAC.
Baptiste Clarke, journaliste
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